Le secteur Veille et recherche sur Internet de l'ADBS organisait le 15 juin
sa première manifestation parisienne, sur le thème «Mettre en place une veille
avec les outils du Web 2.0».
L'objectif de cette
demi-journée était clairement de permettre aux participants d'échanger sur
leurs pratiques de veille, à partir des retours d'expérience de professionnels
utilisant des outils simples et pour l’essentiel gratuits.
Le moins que l'on puisse
dire est que le thème répondait aux attentes, puisqu'il a suffit d'un mail à la
liste du secteur pour remplir la salle, qui pouvait accueillir une soixantaine
de participants.
La matinée a débuté par la
présentation* de la veille mise en place par FLA Consultants pour les
professionnels de l’infodoc (cf. «Mettre en place une veille grâce aux outils
du Web 2.0», Netsources n°86).
Nous ne reviendrons pas
ici sur les détails de cette veille, décrite dans l’article précité, mais nous
rappellerons rapide-ment le processus et les outils utilisés.
FLA CONSULTANTS : UNE
VEILLE EN ACCES LIBRE POUR LES PROFESIONNELS DE L’INFODOC
La première règle à
respecter lorsque l’on souhaite mettre en place une veille, quelle qu’elle
soit, c’est de définir précisément le périmètre de sa veille, en répondant
notamment à trois questions : pour qui, pourquoi et comment.
Pour FLA Consultants,
l’objectif était de partager, avec les professionnels du domaine, les résultats
d’une veille déjà effectuée en interne, notamment pour les lettres Bases et
Netsources.
Le périmètre de la veille
était ici limité aux principales sources francophones et anglophones du monde
de l’information, en accès libre.
Une fois les sources
identifiées, l’équipe de FLA les a mises sous surveillance, en utilisant les
fils RSS et l’agrégateur Newzie.
Des outils comme Dapper
ont permis de créer un fil RSS pour les sources qui n’en avaient pas.
Les flux RSS ont en fait
été utilisés pour suivre la plupart des sources, à l’exception des comptes
twitter, qui n’ont pas semblé adaptés à ce type de surveillance.
Les twittos suivis
publiaient en effet de très nombreux messages tout au long de la journée, et
une unique consultation quotidienne aurait été insuffisante, car les résultats
issus d’autres sources auraient été noyés sous les tweets...
Pour repérer plus aisément
les tweets pertinents parmi le flux des «gazouillis», FLA a choisi d’utiliser
le client twitter Echofon (plugin Firefox) ; ce dernier se connecte à Twitter
toutes les cinq minutes, signale les nouveautés et permet de poster directement
des messages sur son compte (RT ou nouveau tweet).
Pour faciliter la
diffusion de la veille, l’équipe de FLA a décidé de mettre en commun les
résultats sélectionnés par chacun, pour
ensuite les diffuser de façon quasi-instantanée sur Twitter, Facebook et
Netvibes.
C’est l’outil Diigo (voir
Netsources n°84) qui a cette fois été choisi pour rassembler les résultats.
Un groupe privé diigo a
été créé par l’équipe, afin que chaque veilleur puisse y stocker les documents
jugés intéressants.
Chaque membre du groupe
peut ainsi enregistrer les pages qu’il souhaite dans Diigo – via la fonction Bookmark de la barre
d’outils –, lui attribuer des mots-clés (tags) et l’enregistrer dans une
«liste».
Huit grandes catégories
ont été créées pour l’occasion : outils de veille, outils de recherche, banques
de données...
Après avoir été
enregistrées dans Diigo, les pages sélectionnées sont presque simultanément
publiées sur Twitter (fonction Share de la barre d’outils diigo), sur un compte
créé pour l’occasion (http://goo.gl/YcdKQ).
On notera que Diigo
propose des fils RSS tant pour les mots-clés que pour les listes ; à l’usage
cependant, les fils RSS générés pour les listes ont fonctionné de façon
aléatoire. Des fils spécifiques ont donc été créés avec Dapper.
Mais le compte privé sur
Diigo était – par définition – inaccessible aux internautes.
Pour améliorer encore la
diffusion de la veille, un compte public diigo – dans lequel sont rebasculés
régulièrement tout ou partie du contenu partagé – a donc été ouvert
(http://goo.gl/BaUlW). Il permet à tout utilisateur de Diigo d’accéder à
l’ensemble des liens sauvegardés sur ce profil.
Il restait enfin à
diffuser également les résultats de cette veille sur Facebook et sur Netvibes.
Une page Facebook a dans
ce but été créée pour Bases et Netsources (http://goo.gl/ea6mM). Elle est
alimentée automatiquement par un flux RSS généré par RSS Graffiti (une
application Facebook), à partir de la page d’accueil du compte public diigo –
la fonction Share de Diigo peut en effet être utilisée sur un profil Facebook,
mais pas sur la page Facebook d’une
entreprise –.
La diffusion sur Netvibes
s’est faite quant à elle par la mise en place d’un dashboard public
(http://goo.gl/yGWE6) ; dans un onglet dédié à la veille, on trouve huit
widgets, correspondant aux huit «catégories» du groupe diigo ; chaque widget
est alimenté par un fil RSS, généré à partir des listes de Diigo.
LBPA : UN DASHBOARD
NETVIBES POUR SENSIBILISER LES CHERCHEURS A LA VEILLE SCIENTIFIQUE
Corinne Brachet-Ducos,
responsable des systèmes d'information du LBPA (Laboratoire de biologie et
pharmacologie appliquée) et du Centre de ressources et d'ingénierie
documentaire de l'Institut d'Alembert (ENS de Cachan), a ensuite expliqué
pourquoi et comment le LBPA avait choisi de mettre en ligne un dashboard
Netvibes en accès libre, pour sensibiliser les chercheurs aux outils de veille.
Le LBPA, unité mixte du
CNRS et de l’Ecole normale supérieure de Cachan, est un laboratoire
interdisciplinaire de recherche en biologie fondamentale, dont les applications
se développent en lien avec les autres disciplines de l’Institut d’Alembert
(ENS de Cachan).
Il comprend 93 personnes en
10 équipes travaillant dans le domaine :
- des interactions
macromoléculaires ;
- de la pharmacologie
anti-tumorale et antivirale ;
- du développement
d'outils en biophotonique, modélisation moléculaire, vectorologie et des
biosenseurs.
L’objectif du LBPA était
de trouver une solution gratuite pour les chercheurs, faisant office d’outil
d’information pour la veille scientifique et :
- leur offrant des
ressources sélectionnées, qualifiées et ordonnées ;
- leur permettant de
disposer d’une veille automatique sur leurs thématiques, depuis un accès unique
;
- qui soit
personnalisable.
Un dashboard Netvibes en
accès libre à donc été créé, afin de présenter aux chercheurs les possibilités
de l’outil, leur permettre de se l’approprier et, accessoirement, communiquer à
l’extérieur sur les centres d’intérêt du LBPA.
Relativement riche (http://goo.gl/OHWTr), ce dashboard comprend
une dizaine d’onglets – regroupant chacun de nombreux widgets – sur des
thématiques comme les missions, les appels d’offres, les revues de sommaires,
les bibliothèques numériques, les ressources des Portails d’information
scientifique des unités CNRS de l'Inist-CNRS, comme BiblioVie en sciences
biologiques, etc.
Une fois le dashboard
lancé, les chercheurs ont été sensibilisés à l’utilisation de ce portail, par
des communications et des formations.
Des versions
personnalisées ont été paramétrées spécifiquement pour les chercheurs qui le
souhaitaient, afin qu’ils aient la possibilité de suivre par exemple les
publications de leurs domaines (via la «fabrication» de fils RSS dans
PubMed...), des appels d'offres sur leurs thématiques (avec une entrée unique
vers différentes agences ou institutions), les sommaires de revues scientifiques
spécialisées ou généralistes, etc.
Les chercheurs qui se sont
appropriés l’outil – comme ceux qui envisageaient de le faire, mais n’ont pas
eu le temps de s’y mettre – ont eu globalement des retours très positifs.
Certes, quelques point
faibles ont été signalés, parmi lesquels :
- la lenteur de la
plateforme, avant le changement de version de l’interface ;
- l’aspect «peu
professionnel» de l’interface, qui peut rapidement devenir «embrouillée» ;
- la difficulté de
surveiller les pages ne disposant pas de fils RSS ; si certains outils – tels
Page2Rss – permettent de créer des flux pour ce type de page, leur présentation
est en général moins agréable ;
- la perte de temps, dès
que l’on recherche l’exhaustivité en pointant vers de trop nombreuses sources.
Mais au final, les
chercheurs ont estimé que le portail leur permettait :
- de diminuer le nombre
d’alertes mails ;
- d’avoir une
visualisation très ciblée ou plus large des nouveautés, mais aussi de leur
propre production et de celle du LBPA ;
- de lire systématiquement
les revues de sommaires ; en effet, le «tout numérique» et les interfaces
telles PubMed ont eu comme conséquence que de nombreux chercheurs ont remplacé
la lecture systématique de certains journaux ou revues par des recherches très
ciblées, exclusivement via des moteurs de recherche, sur des mots-clés ;
- de disposer d’un
bookmark des sites de séminaires ;
- d’intégrer des
«widgets» généralistes ;
- de personnaliser
leur propre représentation catégorisée de l’informa-tion, d’où un gain de temps
dans leur veille, car l’on connaît par cœur l’environnement que l’on s’est
créé.
CCI DE ROUEN : LA VEILLE A
TRAVERS LES REVUES PROFESSIONNELLES
Si l'outil Netvibes était
également au coeur de la présentation d'Alexandra Radut, de la CCI de Rouen,
son utilisation était toute autre. Le centre de documentation de la CCI a en
effet «détourné» en quelque sorte l’usage premier du portail, et a transformé
ce lecteur de flux RSS en un bookmark convivial vers des sites, classés par thématiques.
Parmi de multiples «widgets», Netvibes propose en effet l’outil «Lien», qui
permet d’afficher dans la page un encadré comportant un lien vers un site, avec
une courte description de celui-ci et une vignette de sa page d’accueil.
L’objectif du portail
était d’offrir aux conseillers de la CCI, en complément du service de DSI, un
accès direct aux sommaires d’une sélection de revues professionnelles
francophones.
Le centre de documentation
a donc procédé à une sélection de plus de 120 revues parmi les 350 qu'il
reçoit, les a classées par ordre alphabétique et par thématiques (aménagement
du territoire, gestion de l'entreprise, gestion commerciale, consommation,
environ-nement, tourisme-hotellerie...) et a créé un dashboard Netvibes en
accès libre, avec un onglet par thématique.
Deux autres onglets sont
dédiés à la liste alphabétique des revues et à la liste des thématiques.
A chaque parution du
nouveau numéro d’une revue, le centre de documentation met à jour son widget –
avec un lien vers le sommaire en ligne ou vers le sommaire numérisé – et envoie
un mail type à la liste des abonnés à la revue, leur signalant la parution du
numéro.
Ce mail est assorti d’un
lien qui pointe non pas vers le sommaire de la revue, mais vers la thématique
de l’univers Netvibes dans laquelle celui-ci-ci se trouve. Les conseillers
peuvent ainsi découvrir d’autres revues concernant leur domaine.
Lorsque l’un d’eux est
intéressé par l’un des articles il peut, si celui-ci n’est pas accessible sur
le site de l’éditeur, le consulter au sein du centre de documentation.
Les utilisateurs ont
globalement apprécié ce portail et ont estimé qu’il les aidait à réaliser leur
veille sectorielle, alimenter leurs études de marché, mettre à jour leurs
connaissances, collecter des données prospectives et des tendances de
consommation et à suivre l’évolution réglementaire et les innovations
technologiques.
Les avantages perçus
étaient essentiellement :
- l’autonomie dans la
recherche ;
- la possibilité de
consulter directement l’article depuis le sommaire en ligne, lorsque la revue
le permet ;
- la possibilité de
consulter d’autres ressources proposées par la revue : études, rapports...
En revanche, là encore,
les utilisateurs ont signalé le risque qui existait de se laisser déborder par
le nombre de sources, et la nécessité qu’il y avait d’être rigoureux et
d’aller directement à la revue de son
choix.
Suite aux nombreux retours
positifs des conseillers, le service documentation envisage de développer cette
prestation pour les entreprises.
LES PRATIQUES DE VEILLE
2.0 AU SEIN DE LA DEGEOM
Christelle Chetkowski,
responsable du Pôle documentation de la DéGéOM (Délégation Générale à
l'Outre-Mer), a quant à elle présenté la façon astucieuse dont son équipe
couplait l'utilisation de Netvibes et de Diigo pour offrir aux conseillers et
chargés de mission les résultats de leur veille quotidienne.
Le pôle documentation de
la DéGéOM est composé de trois documentalistes, chargés notamment de répondre
aux questions de 150 agents et du cabinet ministériel.
L’objectif était d’offrir
à ce public, en complément d’une revue de presse papier, un système leur
apportant l’information dont ils avaient besoin, au moment où ils en avaient
besoin ...
Eu égard au peu de moyens
dont il disposait, le pôle documentation s’est tourné vers les outils gratuits
du Web 2.0.
Un dashbord public
Netvibes a d'abord été créé (http://goo.gl/SlszN) et propose les flux RSS des
sources d'actualités du domaine, classées dans une quinzaine d’onglets : médias
outre-mer, médias métro., revues, administrations nationales, juridique,
statistiques, agriculture-mer...
Les documentalistes
effectuent leur veille à partir notamment de cet univers et sauvegardent dans
un groupe privé diigo les articles retenus.
Ces derniers sont «tagués»
avec le nom du destinataire, et sont envoyés quotidien-nement par email, grâce
à la fonction «Generate Report» de Diigo.
Un plugin Firefox – Update
Scanner – est d'autre part utilisé régulièrement pour vérifier la validité des
liens, mais aussi pour effectuer une veille sur tous les sites ne figurant pas
dans le dashboard Netvibes.
Si cette veille répond
globalement aux attentes des utilisateurs, Christelle Chetkowski a néanmoins
souligné ses limites :
- la veille est
effectuée à partir des sources en ligne et gratuites. Elle passe donc à côté
des nombreuses sources payantes – celles des grands agrégateurs notamment – et
des articles retirés de la diffusion web ;
- la veille est
réalisée avec des outils gratuits (Netvibes, Diigo, Update Scanner...). Mais
ces outils ne resteront pas forcément gratuits. Diigo par exemple est passé
depuis peu en mode «freemium» : si le stockage des documents est toujours
offert gratuitement, d’autres fonction-nalités – comme l’enregistrement d’une
version cache, le surlignage... – sont accessibles moyennant paiement (40 $/an)
;
- ce type de veille –
basée sur du «gratuit»– nécessite le plus souvent de jongler entre différents
outils, alors que des plateformes de veille payantes centralisent toutes ces
fonctions.
UNIVERSITE LILLE 1 - CUEEP
: ECLAIRAGES SUR LA VEILLE
La matinée s'est terminée
par l'intervention de Bruno Richardot, de l'université de Lille 1 et par
ailleurs délégué régional Nord-Picardie de l’ADBS, qui est revenu sur les
différentes phases de la veille, en rappelant que celle-ci comprend en
particulier l’analyse des besoins, le sourcing, le paramétrage de la veille et
la collecte. Il a illustré ses propos par un très intéressant graphique visible
ci-contre.
Puis il s’est limité à
l’une des phases de la veille, située entre le sourcing et la collecte, et a
proposé un véritable panorama d’outils gratuits, permettant notamment :
- de «fluidifier» des
pages, en créant un flux RSS : Page2RSS, RSSPect, Feed43 ;
- de surveiller des
pages non fluidifiables : C4U, Newzie, Update Scanner ;
- de filtrer les
informations d’un flux : RSSOwl, FeedRinse...
Pour illustrer la
puissance de certains outils, il a ensuite fait une démonstration en direct de
l'un des agrégateurs les plus puissants, à savoir Yahoo! Pipes, qui permet en
particulier de filtrer et de trier les flux à plusieurs niveaux, avec de
multiples possibilités.
On
trouvera p.6 une description détaillée de cet outil.
Au final, cette matinée
s'est révélée extrêmement riche, tant par la variété des interventions que par
les échanges nombreux entre les participants.
Ces partages
d'expériences, qui permettent de confronter des usages souvent différents d'un
même outil, s'avèrent précieux, et font toute la richesse des différents
secteurs de l'ADBS.
* Le support de cette
présentation est proposé en accès libre sur le site Slideshare.net
(http://goo.gl/UPtp6)
LE SECTEUR “VEILLE ET
RECHERCHE SUR INTERNET” DE L’ADBS
Lancé en 2011, le secteur
«Veille et recherche sur Internet» a une approche transversale et rassemble
plus de 600 professionnels de l'information, adhérents de l’ADBS ; ces derniers
exercent dans tous les secteurs d'activité – public comme privé –, et ont en
commun de s'intéresser à l'actualité et à l'utilisation des outils de recherche
et de veille sur le Web visible, le Web invisible et le Web 2.0.
L’objectif de ce secteur
est, en particulier, d’offrir à ses membres des rencontres régulières avec des
conférences et des échanges de bonnes pratiques. Deux manifestations ont déjà
été organisées à Lyon et à Paris, autour des thèmes de la recherche avancée sur
Internet et des outils de veille du Web 2.0.
Les prochains rendez-vous
concerneront la recherche avancée sur Google, les réseaux sociaux d’entreprise,
les méthodologies de recherche sur Internet, et les plateformes de veille pour
l’entreprise.
Le secteur est animé par
Béatrice Foenix-Riou et Nathalie Douville, toutes deux administratrices de
l’ADBS.
Pour plus d’informations
sur le secteur Veille : http://goo.gl/poY1u
Béatrice Foenix-Riou
Publié dans le n° 93 de Netsources (Juillet/Août 2011)
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