Comme souvent à l’approche de l’été, Google multiplie les changements,
nouveautés, ajouts ou suppressions de fonctionnalités à un rythme effréné,
utilisant peut-être la période estivale comme une phase de rodage et de mise au
point en grandeur réelle...
Si certains lancements
peuvent passer inaperçus, d’autres au contraire montrent une évolution notable
de la stratégie du moteur.
Nous proposerons dans cet
article un tour d’horizon des nouveautés qui nous ont semblé les plus
intéressantes.
UNE INTERFACE (ENCORE)
PLUS EPUREE
Google a annoncé le 28
juin qu’il lancait une nouvelle interface encore plus épurée pour son moteur
(http://goo.gl/2wQJl).
Les modifications se
traduisent par un logo plus petit, par la suppression des divers liens qui
existaient à droite et en dessous de la zone de saisie – vers la Recherche
avancée, les Outils linguistiques et le programme de publicité notamment –, et
par la présence d’un bandeau noir dans le haut de l’écran, mettant en avant les
liens vers les modules Images, Vidéos, Maps ... et Google+ (voir page
suivante).
La «colonne d’outils» de
la page de résultats a également subi quelques changements, avec de nouveaux
pictogrammes pour les modules et l’adoption des couleurs gris et rouge pour
l’ensemble des rubriques.
Les liens vers la
Recherche avancée et vers les Outils linguistiques sont désormais accessibles à
partir des Options – symbole d’une roue crénelée –, en haut et à droite de
l’écran.
Les liens vers les
programmes de publicités sont quant à eux proposés dans le bas de l’écran.
SUPPRESSION DE DEUX
FONCTIONNALITES
Deux fonctionnalités ont
été supprimées de la colonne «Plus d’outils».
La première est la «Roue
magique», qui avait été lancée en mai 2009 et qui affichait, lors d’une
recherche par mots, des concepts proches des termes de la requête ; une
recherche avec «piles à combustible» proposait ainsi les termes «électrolyse de
l’eau», «gaz à effet de serre», «énergie électrique», etc.
Cette fonction était en
quelque sorte une version grand public des termes associés d’Exalead ; mais
sauf exception, elle s’avérait à l’usage bien moins précise. On se consolera donc de
sa disparition...
Plus fâcheux en revanche
est l’arrêt – temporaire ? – de la Recherche temps réel.
Lors d’une requête par
mots, le module «En temps réel» de la colonne d’outils permettait d’afficher,
au fur et à mesure de leur publication/indexation, des données issues
essentiellement de médias sociaux tels Twitter, Facebook, Friendfeed.
Ce module s’avérait fort
utile pour suivre «le buzz» sur un sujet donné, d’autant que les archives de
Google sont bien plus importantes que celles de Twitter.
Mais comme l'a expliqué
Google à Danny Sullivan, auteur du site Search Engine Land, la prise en compte
des données temps réel se faisait, depuis l'accord signé en octobre 2009 avec
Twitter, grâce à un fil spécifique ; or, le partenariat a pris fin le 2 juillet
dernier et n'a pas été renouvelé (http://goo.gl/4dJNX).
D'après Google, les
informations publiquement disponibles sur Twitter sont toujours indexées par le
moteur et peuvent être retrouvées ou découvertes, au hasard des recherches.
Peut-être ... mais avec des délais d'indexation qui n'ont plus rien à voir avec
le temps réel.
A titre d'exemple, une
recherche effectuée le 8 juillet sur Twitter avec les termes "recherche
éveillée" identifiait quelques tweets, dont le plus récent datait du 7
juillet. Sur Google, la requête "recherche éveillée" site:twitter.com
obtient une soixantaine de résultats. L'antériorité des messages est bien plus
grande (Twitter ne conserve les tweets que quelques jours), mais leur fraîcheur
est toute relative, et les derniers messages repérés par Twitter ne sont pas
indexés...
Pour autant, Google
s'intéresse toujours au temps réel et indique qu'il compte incorporer
prochainement à Google Realtime les données issues de son nouveau réseau social
Google+.
NOUVELLES FONCTIONS POUR
LA RECHERCHE D’IMAGES
Longtemps testée dans les
laboratoires de Google sous le nom d’Image Swirl, la fonction «Images
similaires» est intégrée dans le module Images du moteur depuis plusieurs mois
déjà ; elle permet d’identifier, pour une image donnée, d’autres photos,
dessins... «d’apparence similaire», par leur forme ou leur couleur notamment.
Pour l’utiliser, il suffit
de lancer une requête par mots dans le module Images puis, en glissant le
curseur sur l’un des résultats, de cliquer sur le lien «Images similaires» qui
apparaît alors.
Mais l’outil va désormais
plus loin dans ses possibilités puisqu’il propose à l’internaute de rechercher
des images similaires à une image précise, qu’elle soit ou non dans l’index de
Google.
La page d'accueil du
module Images s'est ainsi enrichie, dans la zone de saisie de la requête, de
l'icône d'un appareil photo, et il suffit de cliquer sur cette icône pour
afficher une nouvelle zone de saisie, dans laquelle on peut coller l'URL d'une
image, ou simplement «glisser déposer» cette dernière, depuis le Web ou son
ordinateur.
Les exemples proposés par
Google illustrent la facilité avec laquelle on peut désormais retrouver en un
clic de nombreuses pages web proposant des images similaires, mais aussi et
surtout les «pages contenant des images identiques», ce qui fait de cette
fonction un outil utile pour détecter les copies illégales !
Nous avons testé, dans un
billet paru sur le blog de Recherche-eveillee.com (http://goo.gl/5EBz0), la
façon dont s’effectuait la recherche lorsque l’image n’était pas présente dans
l’index de Google.
Les tests semblent montrer
que la recherche se fait essentiellement à partir de la forme générale de
l’image et surtout de sa couleur dominante. Cela étant, lorsque les résultats
sont trop éloignés du modèle original (c’était le cas), l’ajout d’un mot
descriptif dans la requête permet d’obtenir des résultats plus convainquants.
Dans un article intitulé
«Du bon usage des photos en stock» (voir pp.11-13), Patrick Peccatte emploie
pour sa part cette fonctionnalité de façon astucieuse, pour analyser
l’utilisation de photos de stock sur un site.
GOOGLE+ : UN RESEAU SOCIAL
BIEN PENSE
Lancer aujourd’hui un
réseau social, alors que le marché est dominé par des «poids lourds» comme
Facebook (750 millions d’utilisateurs actifs, http://goo.gl/aKZlN), Twitter
(200 millions de comptes, http://goo.gl/pB2p0) ou LinkedIn (115 millions),
relève de la gageure.
Construire et développer
«son» réseau est en effet une histoire de longue haleine et il est légitime de
penser que les utilisateurs n’abandonneront pas facilement leurs relations –
que ce soient leurs «amis» sur Facebook ou leurs «abonnés» sur Twitter – pour
redémarrer de zéro.
Les précédentes
initiatives de Google dans le social se sont d’ailleurs soldées par des échecs,
que ce soit Google Wave, l’interface de communication collaborative en temps
réel, lancée en mai 2009 – annoncée comme révolutionnaire, elle fut abandonnée
fin 2010 – ou Google Buzz (février 2010), qui ne rencontra jamais le succès
attendu et, pire, défraya la chronique pour non respect de la protection des
données privées...
D’ailleurs, Eric Schmidt –
l’ancien PDG de Google, devenu Executive Chairman –, a personnellement reconnu
sa responsabilité dans l’échec de l’entreprise sur le marché des réseaux
sociaux. Lors de la conférence D9 organisée en mai dernier par All Things
Digital, il avouait ainsi avoir raté le virage du «social» et n’avoir pas pris
à temps les bonnes décisions.
C’est donc avec le plus
grand soin que Google a fait une ultime tentative en lançant le 28 juin
dernier, sans grande pompe et sur invitation, une version expérimentale du
«projet Google+», qui a suscité immédiatement l’engouement des internautes.
Deux semaines après le lancement du service, à l’occasion de la présentation
des résultats trimestriels de Google –
qui sont supérieurs aux attentes ! – , Larry Page a ainsi annoncé que
plus de 10 millions de personnes s’étaient déjà inscrites à Google+ et que plus
d’un milliard de messages étaient communiqués chaque jour !
Nous avons voulu tester ce
service pour comprendre l’enthousiasme qu’il avait suscité et donner un rapide
aperçu de ses principales fonctionnalités.
• une fonction centrale :
les Cercles
L’objectif principal de
Google+ est de faciliter les échanges entre les internautes. Pour ce faire, le projet est
construit autour de «cercles», qui symbolisent les groupes de personnes avec
qui l’utilisateur est amené à échanger des informations : le cercle des amis,
de la famille, des relations professionnelles, etc.
Dès la connexion à
Google+, l’outil propose une liste de personnes inscrites – avec leur nom et la
photo de leur profil –, et il suffit de les ajouter à un cercle (par un simple
glisser/déposer) pour suivre leur flux et/ou partager des contenus avec elles.
On peut aussi «retrouver
quelqu’un» en saisissant les premières lettres de son nom ou de son prénom.
Google affiche alors, au fur et à mesure de la saisie des lettres, la liste des
noms correspondant.
Une même personne peut
être classée dans plusieurs cercles, et l’on peut créer autant de cercles qu’on
le désire, cloisonnant ainsi le partage
des informations, en fonction des centres d’intérêt de chacun.
Google+ se situe ici entre
Facebook et Twitter, en ce sens qu’il permet à la fois d’échanger des nouvelles
avec les membres d’un cercle (comme Facebook), mais aussi d’inclure dans ses
cercles des internautes, afin de suivre leur flux, sans que la réciproque soit
vraie (comme Twitter).
Lorsque l’on souhaite
poster une information sur Google+ – que ce soit un article, une photo, une
vidéo...–, il suffit de cliquer sur l’onglet «Partager» et de choisir le ou les
destinataires. Ce peut être une personne, un cercle, l’ensemble de ses cercles,
les «cercles étendus» (toutes les personnes de ses cercles, ainsi que les
personnes dans leurs cercles à elles), ou encore le «mode public». Lorsque les
personnes d’un cercle ne sont pas inscrites à Google+, l’information est
envoyée par mail.
Google prend ici le
contrepied de Facebook qui, par défaut, partage les contenus avec tous les
amis. Sur Google+, l’utilisateur doit systématiquement préciser qui est
susceptible de voir l’information. La gestion de la confidentialité des données
se fait de façon on ne peut plus aisée.
Cette gestion des contacts
en cercles est somme toute similaire aux «Groupes» de Facebook, mais elle
s’avère bien plus conviviale.
Cela étant, la riposte n’a
pas tardée et quelques jours après le lancement de Google+, des développeurs de
Facebook ont créé (officieusement) le service Circlehack.com ; en s’y
connectant avec ses identifiants facebook, on peut organiser ses listes d’amis
via une interface qui ressemble à s’y méprendre à celle de Google+...
• le Flux :
Le «Flux» correspond à la
page d’accueil de son compte Google+ et affiche, dans la partie centrale de
l’écran, les derniers messages publics (billets, articles, photos, vidéos...)
postés par les contacts de ses différents cercles, que l’on soit ou non
enregistré dans leurs cercles.
Une colonne sur la gauche
liste les différents cercles de l’utilisateur et l’on peut passer d’un simple
clic du flux «général» au flux d’un cercle spécifique.
Cette page correspond donc
à la fois au «mur» de Facebook – tous les messages postés par ses «amis» par
exemple – et à la page d’accueil de son compte twitter.
A ceci près que les
billets ne sont pas limités aux 140 caractères de Twitter, et que l’on peut
pour chacun ajouter un commentaire, le «partager» – l’envoyer à des cercles ou
des contacts, ce qui correspond en quelque sorte au «retweet» de Twitter –, ou
cliquer sur le bouton «+1», concurrent direct du bouton «J’aime» de Facebook.
• Déclics :
Toujours dans la colonne
de gauche, le module «Déclics» propose à l’utilisateur de recevoir un flux
régulier d’informations inédites – le plus souvent de nouveaux articles parus
dans la presse, des vidéos postées sur YouTube... – sur les sujets qui
l’intéressent. Un certain nombre de fils sont ainsi proposés, sur des thèmes
comme Cinéma, Jardin potager, Recettes de cuisine... , mais on peut aussi
lancer une recherche par mots (en utilisant le cas échéant les opérateurs OR,
intitle:...), puis enregistrer la requête dans Déclics pour accéder facilement
aux résultats, les partager, etc.
• les Vidéo-bulles :
Les vidéo-bulles sont
l’une des grandes innovations de Google+ et s’avèrent particulièrement
intéressantes.
Elles permettent en fait
de créer une «bulle» dans laquelle on peut inviter jusqu’à dix contacts –
disposant d’une webcam – pour participer à une vidéo-conférence. La personne
qui parle bascule automatiquement au centre de l’écran, et les autres
participants apparaissent en miniature en dessous. Il est également possible de
visionner ensemble une vidéo sélectionnée sur Youtube.
On voit immédiatement le
profit que l’on peut tirer d’une telle fonctionnalité, tant sur un plan
personnel que professionnel.
Facebook a d’ailleurs
réagi immédiate-ment en officialisant un accord avec Skype, pour proposer un
service de visiophonie ...
A ces différentes fonctions
s’ajoutent également le partage de photos (via Picasa), le chat, la
notification des commentaires, etc.
Au final, les quelques
tests que nous avons pu faire de Google+, alors même que le service est encore
en phase d’expérimentation, nous ont laissé le sentiment d’un produit très
convivial, plutôt centré sur le contenu, bien conçu et plein de promesses, qui
rassemble en fait ce que les autres plateformes sociales font de mieux :
- la gestion des contacts
est extrêmement simple, mais offre dans le même temps diverses options (pour la
confidentialité, le classement...) ;
- le partage d’information
est au cœur de la plateforme ; la fonction «Share» est d’ailleurs intégrée au
moteur de recherche et il est possible de poster un billet directement depuis
la page d’accueil de Google.com ;
- la communication
instantanée est à l’honneur, avec le chat vidéo.
Et ce n’est pas tout.
Google a annoncé l’arrivée prochaine de nouvelles fonctionnalités pour Google+,
directement axées vers les besoins et attentes des entreprises.
Se pose bien sûr la
question de la publicité, qui est, pour le moment, totalement absente de
Google+.
Il sera intéressant de
voir comment celle-ci sera intégrée dans le réseau. On peut faire l’hypothèse
que des espaces publicitaires feront rapidement leur apparition dans les Flux,
ou dans le module Déclics. D’autant que la gestion des contacts par «cercles»
favorise les ciblages précis pour les annonceurs...
Béatrice Foenix-Riou
Publié dans le n° 92 de Netsources (Mai/Juin 2011)
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