Malgré ces incertitudes et appréhensions, le veilleur et autres pros de l’info doivent se lancer dans la bataille car l’ère de la donnée irrigue tous les métiers. Dans notre monde de l’information, le sujet est déjà posé depuis quelques années, mais il est maintenant temps de s’en saisir dans la pratique.
Beaucoup d’entreprises l’ont compris, qui attendent désormais de leurs services d’information des propositions de livrables beaucoup plus analytiques. Extraire les données, les analyser et les représenter de façon intelligente et intelligible fait maintenant partie de leurs attentes. Et c’est une véritable opportunité d’évolution technique et fonctionnelle.
Soyons clairs, les veilleurs ne deviendront pas des data analysts ou des analystes stratégiques, ces postes étant naturellement préemptés par les profils scientifiques ou ceux issus des grandes écoles de commerce.
- Cela dit, s’immerger dans le corpus de documents pour en extraire des données, quelle qu’en soit la source (résultats de veille sur le web, agrégateurs, réseaux sociaux, documentation scientifique, etc.) est désormais le défi qui les attend.
- Un livrable d’information n’est plus seulement une compilation ou même une synthèse de documents pertinents, réalisées à partir de sources validées et filtrées via les requêtes les plus intelligentes possible. C’est aussi un document permettant au récepteur d’avoir une vision immédiate et puissante de la matière extraite. C’est ici qu'interviennent la sélection et la mise en valeur, voire la mise en scène des données qui semblent faire sens par rapport à la problématique posée.
- Enfin la datavisualisation permet de faire émerger des tendances : des éléments pris isolément qui n’ont pas de valeur intrinsèque, en prennent lorsqu’on se rend compte grâce au traitement de données et à la datavisualisation, que leur répétition progressive veut dire quelque chose.
Rendre visibles certaines données plutôt que d’autres, c’est toujours un choix et une décision qui engagent. L’exercice ne pourra être fait par le veilleur que dans le cadre d’un dialogue et d’une véritable interaction avec le client, qu’il soit interne ou externe. C’est ce dernier qui, dans l’organisation, sera en mesure de lui transmettre un certain nombre d’éléments de la stratégie de l’entreprise. Donner du sens à une matière informationnelle par définition inerte ne peut se concevoir sans une mise en contexte argumentée.
On voit le défi qui attend le veilleur : sortir du rôle traditionnellement dévolu de fournisseur d’informations documentaires qualifiées et structurées pour, d’une certaine façon, « retourner à la mine », extraire les données qui font sens dans un contexte stratégique donné et donner un premier éclairage analytique aux services en charge de la stratégie précisément.
Ce repositionnement, ou plutôt ce nouveau positionnement de la fonction du veilleur, exige de celui-ci qu’il sorte de sa zone de confort. Mais c’est aussi une ouverture et un élargissement inédits de son rôle au sein de l’organisation. C’est aussi un élargissement de ses compétences techniques. Même s’il ne se transformera pas en data analyst, le veilleur aura à se former à data visualisation et à la cartographie de l’information, en passant par l’interprétation des données.
L’objectif de ce dossier en deux volets est précisément de l’y aider.
- L’enjeu ici est tout d’abord de mettre en avant la diversité des caractéristiques des outils de datavisualisation et d’en faciliter l’intégration dans le système d’information. Chacun d’eux se place en effet à des endroits différents de la chaîne de valeur de l’acquisition et du traitement de l’information.
- C’est ensuite de comprendre toutes les aspérités techniques des opérations. La mise en forme graphique finale peut parfois apparaître comme la partie émergée de l’iceberg, au regard de la complexité du recueil et des traitements de données parfois volumineuses à partir de systèmes hétérogènes.
Ces deux numéros donneront de nombreuses références métier afin d’aller plus loin de façon autonome. Elles sont précieuses, comme celles du blog de Guillaume Sylvestre, des écrits de Véronique Mesguich et de Serge Courrier, que nous ne pouvons manquer de citer en introduction de ce dossier.
L’exploration opérationnelle de ces notions vastes et complexes, proposée dans ce dossier, a pour but de donner au veilleur toutes les clés pour aborder avec plus de sérénité cet apprentissage. Il pourra y trouver la connaissance nécessaire pour développer de nouveaux livrables de veille à valeur ajoutée déjà stratégique.