Quels critères pour bien choisir un lecteur RSS pour sa veille ?

Carole TISSERAND-BARTHOLE
Netsources no
160
publié en
2022.11
1518
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évaluation outils | outils de veille | flux RSS
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Quand on réalise une veille pour soi-même (dans le cas d’une veille métier par exemple), des veilles qui ne nécessitent pas des milliers de sources, qui génèrent un volume d’information raisonnable ou qu’on dispose d’un budget limité, les lecteurs de flux RSS sont toujours aujourd’hui des outils incontournables.

Mais il n’est pas toujours simple de choisir parmi tous les lecteurs/agrégateurs les plus adaptés pour la veille, car il y a de nombreux critères à prendre en compte.

C’est ce que nous explorons dans cet article.


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Ce qu’il faut préparer avant de se lancer dans le choix de l’outil

Choisir un lecteur RSS, c’est d’abord prendre le temps de la réflexion et se demander de quelles fonctionnalités et contenus on a besoin et les classer avec différents niveaux d’importance.

Il y a les fonctionnalités et contenus indispensables, celles qui sont utiles, mais pas vitales ou que l’on peut retrouver ailleurs et celles qui ne nous sont d’aucune utilité.

Idéalement, on disposera déjà d’un premier sourcing, c’est-à-dire d’une première liste de sources que l’on souhaite mettre sous surveillance, car cela aura un impact sur l’outil que l’on va choisir.

On n’oubliera pas d’ailleurs que le choix de l’outil n’intervient pas au début d’un projet de veille. La définition du sujet, le sourcing et le plan de veille passent avant.

Le prix : un critère indispensable

Un des critères principaux est bien évidemment le prix, surtout quand on ne dispose pas ou de peu de budget.

Il faut bien avoir conscience que la majorité des lecteurs fonctionnent aujourd’hui sur un modèle freemium avec des fonctionnalités gratuites qui se réduisent drastiquement avec les années voire disparaissent pour ne laisser la place qu’à un outil payant.

Un outil gratuit aujourd’hui a toutes les chances de devenir payant dans les années à venir ou de disparaître.

Seuls les lecteurs issus du monde des logiciels libres (donc open source) garantissent la gratuité sur le long terme.

Pour des personnes ne disposant d’aucun budget, la stratégie la plus sûre est donc de se tourner vers des lecteurs RSS open source en privilégiant ceux qui existent déjà depuis un certain nombre d’années (comme Fresh RSS par exemple qui vient de fêter ses dix ans).

Les critères techniques de base à prendre en compte

Parmi les critères techniques de base à prendre en compte, on pourra s’intéresser aux éléments suivants :

  • L’outil permet-il d’importer un fichier OPML (fichier qui regroupe la liste de ses flux) pour gagner du temps lors de la mise en place ?
  • Permet-il également d’exporter un fichier OPML au cas où l’outil disparaîtrait ou changerait de modèle afin de récupérer en un clic tous ses abonnements pour les réutiliser ensuite dans un autre outil ?
  • Y a-t-il une limite dans le nombre de flux que l’on peut ajouter ? Quand on a de très nombreuses sources à surveiller, certains outils seront ainsi complètement inadaptés.
  • L’outil conserve-t-il l’ensemble des contenus issus des flux RSS auxquels on est abonné ou bien fait-il le ménage pour ne conserver que les contenus les plus récents? Si on est dans une optique de traçabilité ou que l’on a besoin de retrouver ponctuellement des contenus anciens, c’est un critère très important et tous les outils ne sont pas très transparents sur ce point-là.
  • Quelle est la fréquence de mise à jour des flux RSS ? Certains outils ont une fréquence de mise à jour faible (1 fois/jour) là ou d’autres rafraîchissent les flux toutes les 5/10 minutes. Si on réalise des veilles qui impliquent une grande réactivité et du temps réel, certains outils seront ainsi à exclure.

Les critères liés aux contenus

Venons-en maintenant aux contenus eux-mêmes.

Le principe même de ces outils c’est qu’ils permettent tous d’intégrer des flux RSS. Pas de problème donc pour intégrer ce type de contenus.

  • Néanmoins, certains flux RSS fonctionnent avec un système d’identifiant et mot de passe. Il faut donc vérifier s’ils permettent ce système d’identification, ce qui est loin d’être automatique. On peut aussi regarder si l’outil est une véritable coquille vide ou bien s’il dispose d’un corpus de sources pré-intégrées que l’on peut utiliser.
  • D’autre part, de plus en plus d’outils offrent un système de détection automatique de flux RSS : il suffit alors d’entrer l’URL de la source et l’outil indique si elle dispose d’un ou plusieurs flux RSS.

Attention cependant, ce n’est pas parce qu’il n’en détecte pas qu’il n’y en a pas (voir notre article « Comment choisir la méthode la plus adaptée pour mettre une source en veille à partir d’un flux RSS ? » - NETSOURCES n°159 - juillet/août 2022).

Au-delà des flux RSS, de nombreux lecteurs permettent aujourd’hui d’ajouter des contenus autres que des flux RSS. On regardera donc si l’outil permet de :

  • Créer directement des alertes sur Google Actualités ;
  • Créer des alertes Web (soit des alertes issues de Google Alertes et dans ce cas on peut aussi le faire directement depuis Google Alertes, soit depuis un système propriétaire - Feedly propose par exemple son propre système d’alertes Web) ;
  • Intégrer directement des newsletters ;
  • Surveiller directement certains réseaux sociaux (les lecteurs RSS sont susceptibles de maîtriser les réseaux suivants : Twitter, Facebook, Telegram, VKontakte, YouTube, Instagram et LinkedIn (certains types de contenus seulement).

Et quand il n’est pas possible de trouver un flux RSS ou qu’il n’existe pas d’autre forme d’intégration, il faut regarder si l’outil propose une fonctionnalité de création de flux RSS pour les pages n’en proposant pas et/ou une fonctionnalité de surveillance de pages (qui alerte quand quelque chose change sur une page ou quand un mot-clé apparaît). On notera que si cette fonctionnalité est de plus en plus souvent proposée, la qualité varie grandement d’un outil à l’autre : certains proposent une fonctionnalité de création basique qui ne fonctionnera malheureusement pas avec de nombreux sites ; d’autres outils offrent différentes méthodes avec différents degrés de perfectionnements qui permettent pratiquement toujours de trouver une solution pour créer un flux RSS.

Autres fonctionnalités qui peuvent également s’avérer utiles :

  • Une fonctionnalité de détection de flux inactif, ce qui peut permettre de remettre à jour son sourcing et réintégrer la source si elle a changé d’URL. Quand on a un volume important de sources, on a vite fait de passer à côté des sources inactives.
  • L’intégration des contenus en full-text. Certains lecteurs ne se contentent pas de récupérer les flux RSS (titre des actus et quelques lignes), mais vont récupérer le texte intégral des contenus sur le site d’origine. Cela permet de ne pas sortir du lecteur RSS et permet d’effectuer plus tard des recherches sur le texte intégral.
  • Existence d’un lecteur de podcast intégré. Quand il s’agit de flux RSS de podcasts, cela permet d’écouter directement le contenu sans avoir à sortir du lecteur RSS.

Les critères liés aux filtres

Parmi les critères qui peuvent également s’avérer utile, on retrouve toutes les fonctionnalités de filtres.

Certains lecteurs RSS permettent de filtrer les flux par mot-clé (certains proposent même d’entrer des requêtes complexes) ou d’exclure des contenus citant un produit, une entreprise, etc., ce qui permet de limiter le volume d’information.

On trouve également plus rarement des lecteurs capables de retirer automatiquement les contenus dupliqués.

À titre d’exemple, quand on est abonné au flux général du Monde et à un des flux thématiques, il y a nécessairement quelques informations en doublon. L’outil se charge donc de retirer automatiquement les doublons, ce qui fait gagner un peu de temps.

Les critères liés à la traduction

Quand on a besoin de surveiller des sources dans des langues que l’on ne maîtrise pas ou peu, il peut être utile d’avoir une fonctionnalité de traduction intégrée (en utilisant Google Translate par exemple), ce qui évite de devoir ensuite copier-coller les contenus dans un traducteur en ligne.

Quelques lecteurs proposent cette fonctionnalité, mais restent assez rares.

Les critères liés à la recherche

Autre critère de plus en plus important : l’existence d’un moteur interne et de fonctionnalités de recherche.

De plus en plus, les lecteurs RSS ne sont plus uniquement des outils de veille, mais ils peuvent également se transformer en moteurs personnalisés.

Si le lecteur conserve tout ou partie des archives de l’ensemble des flux RSS et sources entrés dans l’outil et en plus, propose un moteur de recherche performant, il peut devenir un véritable outil de recherche que l’on peut venir interroger parallèlement à des moteurs Web généralistes ou thématiques.

On regardera alors bien l’antériorité conservée, s’il recherche le texte intégral ou uniquement les quelques éléments du flux (titre, abstract), s’il est capable d’interroger un corpus de sources plus large que celui entré par l’utilisateur (dans le cas de corpus préintégrés par exemple) et l’étendue des fonctionnalités de recherche (requête booléenne, filtre par date, recherche sur une sélection de sources précises ou un dossier, etc.).

Les critères liés à la capitalisation

Viennent ensuite les fonctionnalités de capitalisation qui peuvent être plus ou moins utiles selon les besoins et les usages.

On pensera ainsi à regarder :

  • Les fonctionnalités de notes, highlights et enrichissement de contenus ;
  • L’existence de favoris ;
  • La possibilité de mettre des tags aux contenus (soit manuellement, soit avec règles qui permettent de taguer automatiquement des contenus) ;
  • Les éventuelles fonctionnalités de collaboration, travail en équipe, groupe de partage ;
  • La possibilité de créer des collections de contenus.

Les critères liés à la diffusion

Les lecteurs RSS se limitent souvent aux étapes de sourcing et de collecte et ne s’aventurent que très peu du côté de l’analyse et de la diffusion.

Néanmoins, on voit des outils qui proposent la possibilité de créer des newsletters ou des flux RSS sortants à partir des contenus sélectionnés dans le lecteur (flux à partir des favoris ou des tags par exemple) ou des fonctionnalités de partage de contenus dans des outils grand public (sur les réseaux sociaux par exemple) ou dans des outils internes aux entreprises (Teams, Slack, etc.).

Les fonctionnalités à base d’IA

L’IA fait également progressivement son chemin dans les lecteurs RSS les plus sophistiqués (et les plus chers d’ailleurs).

On trouvera chez quelques outils des fonctionnalités de :

  • Résumé automatique ;
  • Extraction d’entités ;
  • Recherche sémantique basée sur l’IA ;
  • Déduplication automatique des contenus ;
  • Clustering d’articles.

La question de la sécurité des données

Enfin dernier critère et pas des moindres la question de la sécurité des données et du type d’installation.

Aujourd’hui, la majeure partie des lecteurs sont disponibles en Saas et il est difficile de vérifier comment et où sont stockées les données. Certaines entreprises refusent parfois ce type de services et il faut alors se tourner vers des lecteurs téléchargeables ou open source. Et dans ce cas, le produit peut ensuite continuer à être développé et amélioré en interne.

Quelques conseils

Les lecteurs RSS d’aujourd’hui proposent de nombreuses fonctionnalités et types de contenus. Aucun ne propose d’ailleurs l’ensemble des fonctionnalités énoncées dans cet article. Il faut donc faire des choix et choisir un outil qui remplit un maximum de critères.

Quand un outil n’a pas l’ensemble des fonctionnalités souhaitées, il est possible de trouver des petits outils annexes capables de remplir cette fonction. Mais attention, ces outils sont de plus en plus souvent sur des modèles freemiums et la facture peut vite grimper si on doit en prendre plusieurs et surtout, ils ont une fâcheuse tendance à disparaître du jour au lendemain.

Dans la mesure du possible, il est préférable de trouver un outil qui rassemble un maximum de fonctionnalités utiles à nos besoins, ce qui garantit une certaine pérennité.

On conseillera également de ne pas se lancer tête baissée dans le choix de l’outil. Ce ne doit pas être la première étape lors de la mise en place d’un processus de veille.