Le marché des outils et plateformes de veille en France en 2020

Carole Tisserand-Barthole
Netsources no
147
publié en
2020.07
3497
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évaluation outils | tendances | outils de veille
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Il existe aujourd’hui plus d’une vingtaine d’outils et plateformes de veille présents sur le marché français.

AMI Bertin (ex-AMI Software), Brandwatch, Digimind, KB Crawl, Meltwater, MyTwip, Sindup, Talkwalker, Visibrain, etc. sont des noms qui reviennent souvent et il n’est pas toujours simple de comprendre le positionnement de chaque acteur et de déterminer lesquels sont les plus adaptés aux problématiques spécifiques de son organisation.

On peut dire qu’il existe un « marché des outils et plateformes de veille » en France depuis le début des années 2000, époque à laquelle sont apparus les premiers outils et plateformes s’attribuant cette dénomination. Si les pionniers sont encore bien représentés dans le paysage actuel, ce qu’ils proposent aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec leurs produits initiaux. Et de nouveaux acteurs viennent régulièrement se greffer et enrichir un marché déjà bien fourni.

Lire aussi :

Geotrend, Google version premium et dataviz 
Comment réussir sa veille concurrentielle en 2020 ? : Avant de se lancer
Curebot mise tout sur l’intelligence collective
Cikisi, une approche holistique de la veille
En France, Intelligence2day privilégie l’analyste
Les plateformes de veille internationales peuvent-elles intéresser les veilleurs francophones ?


Dans cet article, nous avons choisi de dresser un état des lieux du marché des outils et plateformes de veille en France en 2020 :

  • Pour aider les professionnels de la veille actuels et en devenir à y voir plus clair parmi ce foisonnement d’acteurs et de solutions  ;
  • Pour mieux comprendre les points communs et les différences entre les plateformes et affronter plus sereinement et de manière objective cette étape de sélection d’un outil  ;
  • Pour mieux comprendre les évolutions de ce marché au cours des années et entrevoir celles qui pourront l’animer dans le futur.

On ne peut pas comprendre le marché actuel des outils de veille en France sans remonter le temps et analyser les évolutions du concept de veille en France, mais aussi les évolutions stratégiques, techniques et commerciales des acteurs et de leurs plateformes.

COMMENT LA DÉFINITION DE LA VEILLE A ÉVOLUÉ ?

Si on retrouve des traces du concept de veille, notamment technologique, dès les années 80 en France, c’est à la fin des années 90 puis au début des années 2000 que la pratique de la veille en tant que telle commence à se formaliser et à se mettre en place au sein des entreprises françaises.

La norme française AFNOR XP X 50-053 « Prestation de veille et prestation de mise en place d’un système de veille » date d’avril 1998 et était jusqu’à maintenant la norme de référence en France. Elle définissait la veille comme « l’activité continue et en grande partie itérative visant à une surveillance active de l’environnement technologique, commercial, etc., pour en anticiper les évolutions ». Cette norme vient d’ailleurs d’être annulée le 17 juin 2020 sans qu’aucune explication ne soit disponible sur le site de l’AFNOR.

En principe, les normes sont annulées lorsqu’elles sont jugées obsolètes ou qu’une norme européenne sur le même sujet a été mise en place. Nous n’avons pas identifié de norme européenne récente pouvant remplacer la norme AFNOR, ce qui peut laisser supposer qu’elle a simplement été jugée obsolète.

Toujours est-il qu’en France, la veille en tant que discipline s’est construite sur cette idée d’itération et de répétition avec le fameux schéma du « cycle de la veille » auquel il est difficile d’avoir échappé depuis 20 ans, en opposition avec la recherche d’information ponctuelle.

Lors du développement des premières cellules de veille en France, c’était d’ailleurs l’une des différences qui était mise en avant pour différencier les veilleurs et les documentalistes.

Aujourd’hui, la distinction entre veille et recherche d’information se fait de moins en moins. Les professionnels comme les éditeurs de solutions, même ceux qui proposent en réalité des outils de recherche plus que des outils de veille au sens strict du terme, utilisent tous le mot « veille » pour parler indistinctement des deux concepts.

Le terme « veille » s’avère finalement beaucoup plus vendeur et attractif que celui de « recherche d’information », rebaptisée parfois « investigation », là aussi plus attirant.

On se rapproche finalement plus de l’acception anglo-saxonne de la veille qui est plus pragmatique où il s’agit de surveiller son environnement et de disposer de toute l’information utile, peu importe qu’il s’agisse d’une recherche ponctuelle ou d’un processus itératif (voir notre article dans ce même numéro « Les plateformes de veille internationales peuvent-elles intéresser les veilleurs francophones ? »).

histoire outils de veille opt

Figure 1. Histoire des outils de veille en France

Cette évolution de la définition même de la veille explique pourquoi on trouve aujourd’hui sur le marché des plateformes de veille des catégories d’outils très différents avec parfois peu de points communs et très éloignés de la définition originelle de la veille.

Des outils de veille traditionnels au « melting pot » des solutions

On ne peut pas non plus appréhender les différents outils et plateformes sur le marché et leur positionnement sans comprendre d’où ils viennent et comment ils se sont parfois convertis à la veille en cours de route (voir notre chronologie en figure 1.).

Outils de veille traditionnels : les pionniers

Au début des années 2000, tous les acteurs qui se sont lancés sur le marché des outils de veille en France avaient des profils et produits très similaires.

Il s’agissait de mettre sous surveillance de manière récurrente des pages Web ou des sites dans leur intégralité. Seul le web ouvert et gratuit faisait alors partie du spectre de surveillance.

Ces plateformes se focalisaient au début davantage sur de la veille ciblée avec un sourcing propre à chaque client et se positionnaient comme des outils généralistes capables de prendre en charge tout type de veille : stratégique, concurrentielle, commerciale, technique, etc.

Même si, très vite, certains acteurs ont développé des connecteurs pour intégrer des sources et abonnements payants, leur discours commercial n’en faisait pas mention et la veille, telle qu’elle était présentée à leurs prospects et clients, se résumait au web et à tous ses contenus gratuits.

Il faut dire qu’à l’époque, l’information se trouvait plus facilement gratuitement sur le web notamment pour la presse en ligne. Mais les temps ont changé et la presse en ligne revient progressivement à un modèle payant. Il est aujourd’hui difficile d’affirmer qu’une veille ne peut être réalisée qu’à partir de sources et contenus gratuits.

La principale différence entre les outils gratuits ou bon marché et les outils payants se situait alors en termes de capacité à surveiller des pages plus ou moins compliquées d’un point de vue technique, et à intégrer d’autres étapes de la veille.

Les outils bon marché permettaient une mise sous surveillance basique (ce qui ne fonctionnait pas sur tous les types de sites) et plus on montait en gamme, plus on avait de chances de réussir à surveiller tout type de contenus web, avec des possibilités de filtres par mot-clé plus poussés et surtout la possibilité de réaliser d’autres étapes de la veille au sein du même outil (analyse, synthèse, diffusion avec de nombreux choix de livrables).

  • On débutait avec des outils comme Copernic Tracker, Wysigot ou Website Watcher (néanmoins beaucoup plus perfectionné que ses concurrents), on avait en milieu de gamme des outils comme KB Crawl puis Iscope puis de grosses plateformes beaucoup plus onéreuses comme Digimind Intelligence ou AMI Software (aujourd’hui AMI Bertin).
  • Rapidement, les outils de veille gratuits ont été délaissés au profit des lecteurs de flux RSS, beaucoup plus simples et intuitifs à utiliser et paramétrer. Les outils payants sont devenus des compléments et solutions de secours pour les sites et pages ne disposant pas de flux RSS.
  • À la fin des années 2000, on a pu voir arriver de nouveaux acteurs comme MyTwip (Coexel), Sindup ou encore Qwam avec AskNRead avec des approches similaires à ce qui existait déjà sur le marché, c’est-à-dire la surveillance de sites et pages sur le web ouvert et gratuit.

Seul Ixxo proposait une approche vraiment différente et se définissait au départ comme un outil de Web mining, c’est-à-dire de fouille du Web avec un crawler qui explorait le web à partir de concepts et mots-clés. Très rapidement, ses créateurs ont décidé de redéfinir leur outil comme une plateforme de veille, ce qui était sûrement plus vendeur. Mais la notion de Web mining est restée et l’outil se focalisait plus sur la veille radar (exploration récurrente du Web) que la veille ciblée sur un corpus prédéfini de sources.

Tous ces outils qui ont des origines communes quant à leur positionnement et leur spectre de surveillance (à l’exception d’Ixxo qui reste à part) font aujourd’hui partie de ce que nous appellerons les « plateformes de veille traditionnelles ».

Au cours de ces 10 dernières années, ces plateformes ont considérablement évolué et ont pris des virages différents, ce que nous analyserons dans la suite de cet article : intégration de sources et contenus payants, intégration avec les systèmes d’information internes de l’entreprise, intégration des médias sociaux, développement de dashboards dynamiques et outils de dataviz, intégration de l’IA pour la classification ou recommandation de contenus, amélioration des fonctionnalités de recherche, etc.

L’incursion des plateformes de social media monitoring

Avec le développement des médias sociaux (Facebook, Twitter, etc.) à la fin des années 2000 et au début des années 2010, de nouveaux outils ont fait leur apparition pour surveiller ces nouveaux contenus. On citera des acteurs comme Synthesio, Visibrain, Radarly, Brandwatch ou encore Talkwalker. Ils s'adressaient surtout à des services communication et marketing qui souhaitaient surveiller l’image de leur marque, détecter d’éventuels « bad buzz » et gérer leur présence sur les médias sociaux.

Au départ, les plateformes de veille traditionnelles intégraient assez mal ces nouveaux médias, n’ayant tout simplement pas été conçues pour ce nouveau format, qui fonctionnait sur un principe d’instantanéité, de gros volumes d’informations et des contenus plutôt courts. Les veilleurs étaient quant à eux assez méfiants à intégrer les réseaux sociaux à leur plan de veille en raison du bruit que cela pouvait générer.

Mais assez vite, ces acteurs se sont mis à marcher sur les plates-bandes des plateformes de veille traditionnelles en intégrant des contenus hors réseaux sociaux (site d’actualités et de presse), et même des contenus payants pour certains (Talkwalker a ainsi une option de veille print pour la presse et de veille audiovisuelle sur les émissions de radio/TV) et des fonctionnalités de création de requêtes (opérateurs booléens, opérateur de proximité, etc.) parfois meilleures que celles proposées par certaines plateformes de veille traditionnelles. Ces nouvelles plateformes avaient aussi souvent un look beaucoup plus moderne avec des beaux dashboards et dataviz dynamiques et étaient plus intuitives à utiliser.

Plusieurs acteurs déjà en place sur d’autres créneaux et notamment Digimind (plateforme de veille traditionnelle) et Meltwater (à l’origine surtout présent sur le media monitoring) ont ainsi décidé de lancer de nouveaux produits, distincts de leurs produits historiques, dédiés au social listening / social media monitoring avec Digimind Social et Buzz Engage Today (qui a depuis changé de nom) pour Meltwater.

L’incursion des agrégateurs de presse

Au milieu des années 2010, les agrégateurs de presse professionnels ont, eux aussi, voulu leur part du gâteau et ont commencé à investir le champ de la veille.

Il faut comprendre que ces acteurs ont tout d’abord vu leur public évoluer considérablement passant d’un public essentiellement composé de professionnels de l’information à un public de communicants où les professionnels de l’information sont devenus minoritaires.

Il a donc fallu répondre aux besoins de ce nouveau public et, mais aussi contrer la concurrence frontale de certaines plateformes de veille traditionnelle. La recherche sur la presse s’est progressivement transformée pour inclure des fonctionnalités de veille pour devenir des plateformes de media monitoring et les agrégateurs de presse se sont mis à diversifier leurs sources et à intégrer des contenus TV, radio, du web gratuit et des médias sociaux.

C’est ainsi qu’Europresse a lancé sa solution Europresse 360 en 2012 et LexisNexis a lancé Newsdesk en 2015.

Inversement, d’autres acteurs se sont lancés directement sur le créneau du media monitoring et de la veille presse (sans passer par la case agrégateur de presse) comme Meltwater par exemple et ont également ensuite diversifié leurs sources au-delà des médias traditionnels.

De nouvelles plateformes très différentes

Au cours des dernières années, plusieurs nouveaux acteurs ont également fait leur apparition sur le marché français avec des approches et positionnements très différents les uns des autres :

  • Cikisi, une plateforme de veille belge ; (voir notre article « Cikisi, une approche holistique de la veille » dans ce même numéro) ;
  • Curebot, une plateforme de veille collaborative française (voir notre article « Curebot mise tout sur l’intelligence collective » dans ce même numéro ;
  • Intelligence2day (Commintelli), une plateforme suédoise qui existe depuis 1999 mais qui a récemment ouvert des bureaux en France (voir notre article « En France, Intelligence2day privilégie l’analyste » dans ce même numéro)  ;
  • Geotrend qui se définit comme une plateforme de veille et d’intelligence économique mais qui relève plus du Web mining à l’image d’Ixxo à ses débuts.

Nous avons choisi de regarder en détail Cikisi, Curebot et Intelligence2day dans la suite de ce numéro en raison de leur apparition récente sur le marché français et parce que nous ne leur avions jamais consacré d’articles.

Les outils freemium sont-ils encore des outils de veille ?

Il n’y a plus aujourd’hui de comparaison possible entre les plateformes de veille payantes d’une part et les outils gratuits ou freemium d’autre part, incluant les lecteurs de flux RSS, mais aussi les outils d’alertes web comme Google Alertes ou Talkwalker Alertes. Nous ne sommes plus sur les mêmes usages ni la même expérience de la veille.

Pour ce qui est des lecteurs RSS, ces outils sont d’ailleurs devenus payants pour la plupart, même si leur tarif est dérisoire comparé aux grosses plateformes de veille. Leurs utilisateurs sont essentiellement des professionnels et entreprises qui n’ont pas le budget pour acquérir une plateforme de veille (TPE, PME, collectivités publiques notamment) ou qui les utilisent en complément d’autres outils de recherche et de veille (en complément d’un outil de media monitoring sur lequel il est difficile d’ajouter de nouvelles sources par exemple).

La disparition de Google Reader en 2013 a permis l’émergence de nouveaux lecteurs de flux RSS actifs et innovants comme Feedly et Inoreader qui ne cessent de s’améliorer et de proposer de nouvelles fonctionnalités : surveillance des médias sociaux, surveillance de pages qui n’ont pas de flux RSS, etc.

Les outils d’alertes web sont quant à eux restés gratuits, mais la qualité de Google Alertes se dégrade avec les années (augmentation du nombre de spams notamment, baisse du nombre de résultats, etc.) et Talkwalker Alertes se positionne plus comme un produit d’appel pour la plateforme de social media monitoring payante de Talkwalker.

Le marché des outils de veille en France en 2020 

Le marché actuel des outils et plateformes de veille en France se compose donc de différents types d’outils de veille (voir notre cartographie des acteurs à la fin de cet article) :

  • les outils freemiums (surtout des lecteurs de flux RSS) ;
  • les plateformes de veille traditionnelles ;
  • les plateformes de social media monitoring ;
  • les agrégateurs de presse et outils de media monitoring ;
  • et enfin les outils de web mining.

Mais tous (à l’exception des outils gratuits et freemiums) utilisent le terme « plateforme de veille » dans leur discours commercial.

Il n’y a pas de concurrence à proprement parler entre les outils gratuits/freemiums et les plateformes payantes. Si on en a le besoin et surtout le budget, on va nécessairement favoriser les outils payants qui sont beaucoup plus puissants et en mesure de se positionner sur les différentes étapes de la veille et même de plus en plus sur l’investigation.

En revanche, au sein des plateformes payantes, les différents types d’outils se font concurrence, car ils se positionnent tous comme des outils de veille généralistes capables de traiter tout type de veille, tout pays, toute langue sur tout type de contenus.

Chaque plateforme propose aujourd’hui les fonctionnalités de base que l’on est en droit d’attendre pour un tel outil :

  • Interface intuitive ;
  • large corpus de sources préintégrées (on a de plus en plus des sources gratuites, mais aussi payantes) ;
  • sources multilingues et multipays ;
  • possibilité de paramétrer des requêtes simples ou avancées ;
  • intégration progressive de l’IA et notamment du machine learning pour catégoriser et classer l’information et recommander des contenus ;
  • fonctionnalités collaboratives ;
  • dashboards dynamiques et dataviz ;
  • livrables en tous genres.

Chacun de ces aspects est ensuite plus ou moins avancé et approfondi selon les acteurs (certains sont plus avancés en matière de text mining et catégorisation, certains intègrent mieux les contenus payants ou internes à l’entreprise, etc.).

Chaque catégorie d’outil garde un positionnement spécifique

Chaque type d’outil (plateformes traditionnelles, outils de social media monitoring, etc.) conserve un positionnement et des forces spécifiques liés à ses origines :

  • Les plateformes traditionnelles vont garder un avantage sur la veille web et la prise en compte de toutes les étapes du cycle de la veille (veille stratégique et concurrentielle et plus rarement technique)
  • Les plateformes de social media monitoring  se focalisent toujours davantage sur la veille image, marque, e-réputation ;
  • Les plateformes de media monitoring sont plus adaptées pour la veille image, et les recherches ponctuelles et investigations.

Chaque outil est unique

Au sein de chaque catégorie d’outils, chaque acteur conserve un positionnement unique et se distingue de ses concurrents. Et cela s’explique souvent par ses origines et ses différentes évolutions.

Du côté des plateformes traditionnelles par exemple :

  • AMI Bertin (Ex-AMI Software racheté en 2016 par Bertin) s’est fait très discret sur la scène commerciale pendant quelques années et refait seulement parler de lui depuis quelques mois. Il se distingue aujourd’hui par sa capacité à intégrer des contenus audiovisuels grâce à la détection et la transcription de vidéos. On se rappellera que l’un des cœurs de métiers de Bertin, est justement la transcription en speech to text. Un article d’avril 2020 d’Intelligence Online indiquait que Bertin Technologies serait à vendre à la suite de difficultés rencontrées par le groupe CNIM.
  • Digimind Intelligence se distingue par son approche plus anglo-saxonne de la veille stratégique et concurrentielle. Digimind est présent sur le plan international depuis des années, ce qui n’est pas le cas de la majorité de ses concurrents. La plateforme réunit toute l’information utile à la prise de décision stratégique (information externe/interne et gratuite/payante). Digimind a d’ailleurs lancé en 2018 sa MarketPlace avec des intégrations prêtes à l’emploi de sources et outils annexes ;
  • KB Crawl se distingue par son côté modulaire de la veille avec l’existence du Crawler pour la surveillance, du Pilot pour l’enrichissement, la modélisation et le classement des contenus et de la Platform pour la diffusion permettant de s’adapter à des publics de différentes tailles et avec des budgets divers. On se rappellera que KB Crawl avait débuté avec un outil qui se positionnait à mi-chemin entre les outils gratuits et les grosses plateformes.
  • Keywatch (Iscope), par la petite taille de l’entreprise fonctionne plus en mode projet avec des plateformes de veille personnalisées et la possibilité d’ajouter des extensions et modules spécialisés ;
  • M-Brain, l’éditeur finlandais de la plateforme Intelligence Plaza est également présent en France depuis des années, mais reste peu visible. Sa plateforme dispose en revanche d’une renommée certaine à l’international et se positionne comme nous le verrons dans l’article « Les plateformes de veille internationales peuvent-elles intéresser les veilleurs francophones ? » sur la Competitive et Market Intelligence.
  • My Twip (Coexel) conserve quant à lui ce côté veille technologique qu’il a depuis ses débuts, même s’il s’est depuis élargi à d’autres types de veille et d’autres secteurs d’activité ;
  • Netvibes, au départ un outil surtout gratuit et freemium a complètement changé de sphère quand il a été racheté par Dassault System en 2012. Il est aujourd’hui très peu visible, à tel point qu’on en oublie parfois qu’il existe encore. Les fonctionnalités gratuites et freemium sont de plus en plus délaissées. En revanche, la plateforme professionnelle existe encore et fait partie d’un ensemble de produits sur la plateforme 3Dexperience où on trouve également le moteur Exalead. Dassault vient d’annoncer avoir racheté Proxem, un logiciel d’analyse sémantique pour enrichir Netvibes et Exalead. À suivre !
  • Sindup se positionne plus comme un produit packagé susceptible de répondre aux petites comme aux grandes entreprises, et qui, dès qu’une nouvelle tendance se dessine, annonce très rapidement son intégration à sa plateforme.
  • Qwam, contrairement aux autres acteurs, conserve ce côté très Web ouvert et gratuit uniquement, mais se distingue plutôt sur l’IA et l’analyse des contenus non structurés dont il est un des acteurs importants en France aujourd’hui.

Du côté des outils de Web Mining, leur force réside justement dans cette capacité à explorer le Web sans corpus prédéfini pour découvrir des sources que l’on ne connaît pas et informations que l’on ne cherchait pas.

  • Ixxo a su, avec les années, associer à ce côté veille radar, des fonctionnalités et une structure classique de la veille cible sur un corpus défini ;
  • Geotrend, quant à lui, n’en est encore qu’à ce premier niveau avec uniquement le Web ouvert et gratuit (à partir de l’index de Google).

Du côté des outils de social media monitoring, certains ont ajouté la reconnaissance de logos dans les images et vidéos, d’autres ont créé des moteurs de recherche (avec antériorité) sur les médias sociaux, etc.

Enfin, les outils issus du media monitoring comme Europresse, Nexis Newsdesk ou encore Meltwater tirent leur force de leur très bonne couverture des médias classiques, leur capacité à intégrer de nouveaux médias (podcasts par exemple), leurs fonctionnalités de recherche et de requêtes généralement plus puissantes que leurs concurrents et de la possibilité de réaliser des recherches ponctuelles et investigations.

Finalement, on comprend bien que même si tous ces acteurs se déclarent capables de traiter tout projet de veille, tout sujet, toute langue, etc., ils ont tous des spécificités.

Quand on se lance dans une recherche d’outil, il convient de s’interroger en amont sur ses besoins précis et c’est bien pour cela qu’on ne doit surtout pas commencer par chercher un outil. Il faudra s’interroger sur le type de veille, le type de sources utiles, les usages et le public visé, etc.

Voir notre billet de blog : « Comment réussir sa veille concurrentielle en 2020 ? : Avant de se lancer » 

Et c’est seulement à partir de cela qu’on arrivera à identifier les acteurs répondant le mieux à ses problématiques précises.

Et le futur ?

Au cours des dernières années, on a pu assister à un mouvement de consolidation du côté des outils de social media monitoring : Sysomos a été racheté par Meltwater, Ipsos a racheté Synthesio, Crimson Hexagon a été racheté par Brandwatch, etc.

Pour l’instant il n’y a pas de mouvement similaire du côté des plateformes traditionnelles, pourtant nombreuses au regard de la taille du marché français et francophone.

Aujourd’hui, la majorité des entreprises qui ont les moyens d’acquérir une telle solution sont équipées de plateformes de veille, même si on peut encore augmenter le nombre d’utilisateurs au sein de chaque entreprise.

Les nouveaux entrants s’attaquent à un terrain difficile ou risquent de venir effriter les parts de marché des acteurs déjà en place.

Pas sûr qu’il y ait de la place pour tout le monde !

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Figure 2. Panorama des outils de veille sur le marché français

Visuels : Mathilde Back