Google Scholar est-il un véritable outil de recherche scientifique ? Dossier spécial Moteurs scientifiques et académiques

Carole Tisserand-Barthole
Bases no
360
publié en
2018.06
950
Google Scholar est-il un véritable outil de recherche ... Image 1
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Quand il s’agit d’effectuer des recherches bibliographiques ou de réaliser une revue de littérature, Google Scholar apparaît généralement en tête de liste chez les chercheurs, universitaires, étudiants et même certains professionnels de l’information.

Une réalité qui est particulièrement surprenante, la rigueur de la démarche de recherche scientifique semblant a priori incompatible avec le mode de recherche très pauvre, proposé par Google Scholar dans des amas d’informations non structurées, et dont on ne connaît pas les contours.


Lire aussi dans ce dossier :

La perversité de Google Scholar
Recherche et veille sur la littérature scientifique et académique : nouveaux entrants et ressources-clés


Surprenante aussi car les universités, comme les entreprises, avaient déployé, depuis maintenant plusieurs dizaines d’années, des services d’information scientifique et technique de grande qualité. Des services qui ont été souvent décimés mais qui étaient équipés de « vrais » outils : les bases de données spécialisées. Ces bases offraient et offrent toujours, comme le rappellera François Libmann dans son billet « La perversité de Google Scholar » un nombre de références et des possibilités de recherche expertes et structurées, largement supérieurs à celles de Google Scholar.

Google Scholar : un quasi-reflexe ?

Une récente enquête sur l’accès des médecins à la documentation électronique menée par la Fédération Francophone de Médecine Poly­valente(FFMP) avec l’aide de la BIU Santé, et dont les résultats ont été présentés en juin 2018 met bien en évidence la prépondérance de Google dans le processus de recherche et d’accès à la littérature scientifique.

A la question sur les méthodes d’accès à la littérature scientifique, 61% des répondants (soit 717 personnes) indi­quaient chercher sur Google / Google Scholar, 42% (!) utilisaient des services pirates, tandis que 34% mentionnaient la Bibliothèque Universitaire et 27% les ressources documentaires de l’hôpital.

Une autre enquête menée par la revue Nature en 2014 auprès de 3 000 scienti­fiques et ingénieurs arrivait sensiblement au même constat avec un peu plus de 60% des répondants qui indiquaient se rendre régu­lièrement sur Google Scholar.

Si Google Scholar permet d’interroger un corpus toujours plus vaste de ressources scientifiques et académiques et d’accéder en quelques clics au texte intégral d’un nombre important de documents, peut-on aujourd’hui considérer qu’interroger Google Scholar peut suffire pour une veille bibliographique ou une revue de littérature ?

Quelles sont les principales autres ressources multidisciplinaires gratuites et payantes à connaître et leur valeur ajoutée par rapport à Google Scholar ?

Recherche bibliographique et revue de littérature : de la théorie à la pratique

Face à l’ampleur du sujet, nous avons choisi de séparer cet article en deux parties :

  • Une première partie, dans ce numéro, plus théorique où nous ferons le point sur les études et articles qui se sont intéressés à Google Scholar pour le comparer avec d’autres moteurs académiques mais aussi grands serveurs payants et bases de données ;
  • Et dans un second temps, dans le prochain numéro de BASES, nous proposerons des cas pratiques, où nous effectuerons différents tests et requêtes sur différents sujets, aussi bien en SHS que dans des disciplines scientifiques, afin d’évaluer les différences et complémentarités entre des recherches sur Google Scholar, d’autres outils de recherche académiques gratuits et bien évidemment les serveurs et bases de données payantes.

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