L’intérêt des événements pour la veille
Avant de nous intéresser aux récentes évolutions, il convient de rappeler l’intérêt de l’événementiel professionnel au sens large (conférences, événements commerciaux ou marketing, formations professionnelles, etc.) pour la veille et la recherche d’information professionnelle.
Dans ce numéro, nous avons fait le choix de nous intéresser à tout type d’événements professionnels, c’est-à-dire aussi bien aux conférences qu’aux webinaires, congrès ou encore formations car les tendances ainsi que les méthodes de recherche et de veille sur ces contenus sont les mêmes. Nous avons en revanche choisi de nous limiter aux stricts événements professionnels et non grand public (expositions, concerts, événements culturels, etc.).
Même si ce n’est pas nécessairement l’usage courant, nous avons fait le choix d’inclure les formations professionnelles dans cette définition des événements professionnels. Car une formation répond à la définition standard d’événement soit « un fait qui arrive à un moment donné » et parce que la recherche et la veille sur les formations recourt à des méthodes et sources communes avec la recherche et la veille sur les conférences, salons, congrès, etc.
L’intérêt des événements professionnels pour la veille et la recherche d’information n’a pas beaucoup évolué avec les années, ce sont surtout les modalités et la quantité d’information disponibles qui ont changé. Il y a en effet de plus en plus de contenus accessibles sur le web gratuitement ou de manière payante, ce qui permet d’éviter de passer par la case « veille terrain » quand il n’est pas possible de se déplacer.
Les événements professionnels auront ainsi un rôle à jouer :
- au niveau du sourcing pour la veille afin de repérer les sources-clés et principaux acteurs ;
- pour la veille métier et la formation continue afin d’actualiser ses connaissances et compétences pour rester en adéquation avec les attentes du marché dans un monde qui évolue plus rapidement que jamais ;
- pour la veille innovation afin de repérer des acteurs, produits et technologies innovants ;
- pour repérer des experts ;
- pour la veille concurrentielle et stratégique afin de suivre les nouveautés commerciales, marketing et la stratégie de ses concurrents à travers leur communication et leurs événements.
Les tendances de l’événementiel professionnel : une opportunité pour le veilleur
Davantage d’événements = davantage de contenus
Depuis quelques années, les événements professionnels se multiplient et il y a donc potentiellement plus de contenus à identifier et récupérer pour la veille et la recherche d’information.
Réviser le champ lexical de l’événementiel pour identifier des événements
Les organisateurs d’événements et plus largement les organisations ou entreprises organisant un événement en leur nom n’hésitent pas à redoubler d’inventivité pour proposer des événements originaux et innovants (lieux, horaires, expériences insolites).
Dans un contexte de veille, cela veut surtout dire qu’il va falloir explorer un champ lexical plus diversifié (et ne pas se limiter uniquement aux traditionnels termes « conférence », « congrès », « salon » pour repérer un maximum d’événements pertinents qui utiliserons un vocabulaire peu habituel.
On n’oubliera pas que même les événements locaux en langue locale utilisent toujours plus de termes anglo-saxons comme workshop, masterclass, blended learning, awards, etc.
Plus de communication = moins de chances de passer à côté
Les organisateurs d’événements professionnels redoublent également d’inventivité pour communiquer et faire connaître leurs événements. De ce point de vue-là, on a donc moins de chance de passer à côté d’un événement pertinent si on réalise une veille événementielle suffisamment bien ciblée mais aussi plus de chances de voir passer l’information de multiples fois...
La digitalisation de l’événementiel : une vraie chance
Le changement majeur, c’est la digitalisation des événements professionnels. Tendance apparue depuis quelques années déjà, mais qui s’est considérablement accélérée à marche forcée en raison de la crise de la Covid-19 et des nombreuses interdictions d’événements physiques.
Même si bon nombre d’événements ont été annulés et reportés à l’année suivante, beaucoup ont choisi de proposer des événements virtuels ou au minimum hybrides.
Et c’est finalement une vraie chance pour les professionnels de la veille.
Cela présente un avantage certain et permet d’assister à des conférences et événements internationaux auxquels on ne se serait probablement jamais rendu en raison de la distance. Et le petit plus, c’est que bon nombre des événements payants ont revu (drastiquement) leurs tarifs à la baisse car les organisateurs n’ont pas à prendre en charge la location des locaux et tous les frais logistiques allant avec.
Dans le domaine de la veille et des bibliothèques, les événements professionnels internationaux comme l’Internet Librarian Connect, Intellicon (SCIP), la SLA annual conference aux Etats-Unis ou le congrès des professionnels de l’information au Québec ont tous eu lieu en ligne sur des plateformes dédiées avec diffusion en live et possibilité de revoir les interventions en replay pendant plusieurs mois, etc.
Evaluation des événements : attention au mélange des genres
C’est un fait, le nombre d’événements augmente ainsi que les formats disponibles. Et dans ce domaine, on assiste de plus en plus, comme c’est le cas plus généralement sur le web, à une convergence entre information et publicité. Certains événements se présentent comme des formations ou conférences, mais ne sont en réalité qu’un enchaînement de présentations commerciales.
Sur ce sujet, voir notre numéro de NETSOURCES 141 - juillet/août 2019
A titre d’exemple, une conférence sur le thème « comment bien choisir son logiciel comptable ? » organisé et animé par des éditeurs de logiciels comptables a ainsi peu de chance d’être objectif et impartial.
Et certains formats, comme les webinaires, mêlent indistinctement des présentations réellement riches en informations et des contenus publicitaires.
La frontière entre contenus informationnels et publicitaires est donc de plus en plus floue.
Ce mouvement n’épargne pas non plus le secteur académique où l’on entend de plus en plus parler de conférences prédatrices, à l’image des revues prédatrices qui ne sont pas regardantes sur la qualité des articles et de la recherche mais dont le seul but est le gain financier. Il existe ainsi une véritable industrie des « conférences prédatrices », avec ses sociétés identifiées et ses artisans, parodiant pour gagner de l’argent, les pratiques des rencontres scientifiques. Il faudra donc également se méfier.
Quand on recherche des événements, on séparera donc bien :
- les événements académiques dont le but est de présenter les résultats de la recherche actuelle sur un sujet (attention tout de même aux conférences prédatrices) ;
- des conférences professionnelles qui ont pour but de réunir la communauté pour échanger sur les grandes tendances et pratiques avec essentiellement des présentations d’experts et professionnels du domaine ;
- des événements business dont la principale finalité est de promouvoir des produits et services ;
- et enfin des formations professionnelles où il y a malheureusement, sous une seule et même appellation du très bon comme du très mauvais.
Les événements purement business seront ainsi très pertinents pour la veille concurrentielle, pour analyser ses concurrents et détecter de nouveaux entrants mais seront moins adaptés si on souhaite se former et acquérir des compétences en toute impartialité.
Comme c’est le cas dans toute veille ou recherche d’information sur le web, l’évaluation des sources et intervenants liés à des événements est indispensable ainsi que l’esprit critique.
Pour évaluer un événement ou une formation, on pensera donc à bien regarder :
- les profils des intervenants et leur expertise ;
- le profil des organisateurs ;
- le programme dans le détail ;
- les partenaires médias ;
- s’il s’agit d’un événement récurrent
- s’il y a des avis ou retours sur l’événement au cours des années précédentes ;
- regarder si la formation bénéficie d’une certification (Datadock en France par exemple)
- etc.