Des scientifiques veulent créer une banque de données des « évidences » à destination des politiques.
En effet, si le nombre de publications scientifiques ne cesse de croître, elles ne sont, en général, pas destinées à être utiles à la prise de décisions, car ce ne sont pas des synthèses opérationnelles. Deux institutions britanniques, l’ESRC (Economic and social Research Council) et la fondation caritative WELLCOME vont investir respectivement 9,2 et 45 millions de £ sur cinq ans pour produire une banque de données et des outils qui aideront à synthétiser des recherches.
NATURE, 21 septembre 2024
Lucina Uddin, une professeure américaine spécialisée en neuroscience, porte plainte contre six grands éditeurs scientifiques, espérant la transformer en « class action ».
Elle leur reproche de violer les lois antitrust en empêchant un auteur (grâce à une entente, affirme-t-elle) de proposer son article à plusieurs publications en même temps, ce qui ne les incite pas à publier rapidement ces articles. D’autre part, elle considère que la pratique consistant à ne pas payer les évaluations par les pairs (peer reviews) peut s’analyser comme une fixation illégale de prix.
Dans un article paru dans PLOS ONE, Alberto BACCINI et Eugenio PETROVICH ont analysé les pourcentages d’auto-citations des auteurs d’articles scientifiques dans 50 pays sur la période 1996-2019.
Si la tendance générale est à la baisse des auto-citations, douze pays font exception : Italie, Colombie, Égypte, Indonésie, Iran, Malaisie, Pakistan, Roumanie, Fédération de Russie ; Arabie Saoudite, Thaïlande et Ukraine.
Ces exceptions semblent être liées, d’après les auteurs, au fait que dans ces pays, le nombre de citations a une influence très directe tant sur la carrière que le salaire des chercheurs.
Clarivate vient de lancer son assistant de recherche utilisant l’IA générative pour améliorer/optimiser les recherches sur Web of Science Core qui offre 92 millions de références de notices de documents publiés depuis le début du 20° siècle dans tous les domaines de la science avec un accent mis sur les sciences naturelles.
Cette interface a été testée depuis décembre 2023 par plus d’une dizaine de centres de documentation dans le monde utilisateurs de Web of Science.
Nous publierons une « review » détaillée dans le prochain numéro de BASES.
Elsevier ouvre un accès libre aux éléments cliniques et de recherche concernant le MPOX, la nouvelle maladie potentiellement contagieuse à propose de laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché une Urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) le 14 août 2024.
Moonlit.ai est un spin-off lancé aux Pays-Bas du cabinet Deloitte, un réseau international de cabinets d’audit.
C’est un outil de recherche et de veille sur les jugements et les décisions juridiques prononcées dans 18 des États membres de la Communauté européenne plus le Royaume-Uni, la Commission Européenne, le Conseil de l’Europe et les Nations Unies. L’utilisation de l’intelligence artificielle permet le multilinguisme, la réalisation de résumé et d’analyses.
Il présente dans un rapport ses actions en faveur de l’open access déclarant en particulier : « Nous aidons les auteurs de plus de 200 pays à publier en libre accès dans plus de 600 revues entièrement en libre accès et plus de 2 100 revues hybrides, dont Nature Communications, la revue scientifique multidisciplinaire en libre accès la plus citée au monde, et Scientific Reports, la plus grande revue en libre accès au monde (par le nombre d’articles ».
Le ROR est un référentiel ouvert et mondial des structures de recherche proposant des données sur plus de 110 000 structures. Il a été lancé en 2019 et succède au Global Research Identifier Database. Une curation des données françaises est en train de se mettre en place. Au niveau français, les référentiels des structures sont par exemple :
Sources : LaLIST et Université de Grenoble Alpes
JSTOR est une bibliothèque numérique qui donne accès au contenu de milliers de revues académiques. Astor Digital Library est une base de données offrant plus de 2,5 millions d’images destinées à l’éducation et à la recherche dans les domaines de l’art, de l’architecture, des sciences humaines et des sciences sociales.
D’après le Hollywood Reporter du 13 août 2024, les artistes viennent de remporter une grande victoire dans le litige qui les oppose à la société Stable Diffusion qui propose une IA générative d’images.
Ils lui reprochent d’utiliser leurs créations sans autorisation pour entrainer son moteur d’IA. Un juge américain a considéré leur plainte comme recevable. D’autres sociétés pourraient être inquiétées.
Les motifs de censure des écrits, que ce soit pour la presse ou les livres, sont définis par chaque pays en fonction de ses contextes historique, culturel et philosophique.
Un blog de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis présente un rapport sur les lois et régulations en matière de censure dans 22 pays, imposées par les gouvernements pour des raisons de sécurité nationale, de moralité publique, ou de protection des enfants. Ce rapport met en lumière les divers enjeux stratégiques liés à l'accès à l'information dans ces différents contextes nationaux. Le document peut être téléchargé directement.
On pressent que la « révolution IA générative » va à terme jouer un rôle central dans la redéfinition des pratiques de veille stratégique et technologique. Dans ce nouveau Netsources, nous vous emmenons au cœur de cette métamorphose naissante.
Deux des experts reconnus de la veille en France, Mathieu Andro et Corinne Dupin, ont mené une nouvelle étude du marché des plateformes de veille. Nous sommes heureux d’ouvrir ce numéro avec leur analyse approfondie de l’enquête 2024. Leur étude révèle l’intégration croissante de l’IA dans ces systèmes, qui laisse présager une refonte en profondeur du modèle traditionnel du cycle de la veille.
La révolution de l’IA s’étend également au champ cognitif, démocratisant l’accès à la connaissance. Par exemple, dans le domaine scientifique, Aurélie Vathonne démontre comment de nouveaux outils dopés à l’IA permettent désormais à des veilleurs généralistes de s’immerger dans des domaines complexes, brisant ainsi les barrières d’entrée au savoir scientifique (« Comment se saisir avec pertinence de l’information scientifique lorsqu’on n’est pas scientifique ? »).
Par ailleurs, l’article « Perplexity, le couteau suisse de la découverte d’informations et de la curiosité » analyse l’évolution de ce moteur de réponses hybride, combinant les forces d’un moteur de recherche traditionnel et d’un agent conversationnel. Perplexity incarne cette nouvelle génération d’outils visant à réduire l’incertitude et à fournir des réponses claires, tout en suscitant des débats éthiques sur l’utilisation des sources et la propriété intellectuelle.
Enfin, nous aborderons une question rarement traitée, mais présente dans tous les esprits : «Faut-il optimiser ses prompts en fonction de chaque modèle d’IA ?». Cette interrogation souligne notre prise de conscience des enjeux liés à la personnalisation de nos interactions avec les modèles d’IA, afin d’en tirer le meilleur parti. Nous verrons également comment l’IA offre au veilleur/analyste généraliste de nouvelles perspectives en termes d’immersion dans des champs de connaissance qui lui étaient jusque-là inaccessibles.
Rappelons quand même que l’IA générative, même nourrie des meilleurs prompts et d’investissement personnel, reste un outil qui amplifie l’expertise humaine plutôt qu’un substitut à la réflexion critique et à l’expertise métier.
En 2022, nous avions déjà mené une première grande enquête sur les plateformes de veille. Elle avait fait l’objet d’un numéro spécial de la revue I2D.
Depuis cette date, le marché s’est transformé avec l’intégration de Digimind dans Onclusive (juillet 2022), les rachats successifs par Chapsvision, après celui de Bertin (AMI EI) en juin 2021, de QWAM (mars 2023) et Geotrend (juin 2023) et de plusieurs autres acteurs de l’OSINT, de la traduction ou de l’analyse de données, ou encore l’acquisition d’Iscope par KB Crawl en février 2024.
En parallèle, et depuis 2020, d’autres acteurs, plus petits et aux publics plus confidentiels, sont apparus sur le marché des éditeurs de veille, avec des solutions souvent boostées par l’intelligence artificielle. Le recours croissant aux technologies d’IA a considérablement accéléré la transformation des technologies de veille.
Il était donc devenu nécessaire d’actualiser notre enquête.
Mathieu Andro est Animateur du réseau de veille des Services du Premier ministre
Corinne Dupin est Consultante et formatrice au sein du cabinet Ourouk
SciELO (Scientific Electronic Library Online) est un programme de coopération internationale dont l’objectif est le développement du libre accès aux publications scientifiques des pays latino-américains, des Caraïbes, de l’Espagne et du Portugal. Ce libre accès est une ligne d’action prioritaire depuis 2019 de ce programme et l’objectif est que tout le contenu soit en libre accès d’ici à la fin de 2025. Un autre objectif est le développement du multilinguisme entre le portugais, l’espagnol et l’anglais, l’anglais étant de plus en plus présent pour augmenter la visibilité et la reconnaissance à l’international de ces publications. SciELO est aussi et surtout une banque de données bibliographique qui propose aujourd’hui 1 219 260 références bibliographiques.
Née au Brésil en 1997 avec le soutien de plusieurs organismes publics, SciELO intègre aujourd’hui les publications de 19 pays à savoir le Brésil, le Mexique, la Colombie, le Chili, l’Argentine, Cuba, l’Espagne, l’Afrique du Sud, le Portugal, le Venezuela, Costa Rica, la Bolivie, l’Uruguay, l’Équateur, le Paraguay et les Antilles. Le Brésil en fournit à lui seul plus de 42 % suivi par le Mexique, la Colombie et le Chili. On trouve en dernière position le contenu en provenance des Antilles avec 1,6 pour mille (1 979 références), anecdotique mais présent. Plus précisément, en ce qui concerne les Antilles, le seul contributeur est The University of The West Indies à la Jamaïque qui publie le West Indian Medical Journal, lequel est disponible aussi sur Scopus, Web of Science, EBSCO ainsi que les bases de données Embase et Biosis.
AskAdis est une interface innovante utilisant l’intelligence artificielle pour fournir des synthèses complètes sur le développement de médicaments. Elle offre des informations validées sur les essais cliniques et les propriétés des médicaments, avec une présentation moderne et intuitive.
Adis est une société spécialisée dans la fourniture de services d’informations et de solutions aux professionnels de la santé et de l’industrie pharmaceutique. Fondée en 1969, Adis fait aujourd’hui partie du groupe Springer Nature.
Elle édite une trentaine de publications spécialisées, offre différents services et propose plusieurs banques de données essentiellement consacrées aux étapes de développement de médicaments.
Pendant assez longtemps, la veille business et la veille scientifique et technique ont constitué des champs tout à fait distincts avec des compétences et ressources spécialisées bien définies pour les piloter, ainsi que des objectifs, des méthodes, des outils et des sources propres.
Puis la mise en place de plus en plus courante de veilles dites « innovation » a commencé à brouiller les frontières, mêlant informations concurrentielles et technologiques, et l’on constate que les spécialistes de la veille au sein des départements marketing et R&D de grands groupes travaillent étroitement ensemble pour fournir leurs analyses stratégiques au top management.
La veille IST a longtemps nécessité un véritable background scientifique et technique dans un domaine spécifique, quel qu’il soit (matériaux, énergie, agro-alimentaire, etc.), pour pouvoir exercer ce rôle efficacement. Pourtant, comprendre non seulement la pertinence, mais aussi l’apport de certains travaux scientifiques ou d’articles techniques n’est plus mission impossible pour celui qui n’est pas du sérail, et ce grâce au développement récent des outils d’intelligence artificielle qui changent la donne.
Bien sûr, un veilleur « généraliste » ne pourra jamais se hisser au niveau d'expertise d’un ingénieur spécialiste, mais l’IA va lui permettre en revanche d’élever sa compréhension des documents sans avoir de bagage spécifique et sans connaître tout le vocabulaire scientifique et technique spécialisé.
La concurrence féroce entre les modèles d’IA n’a pas ralenti cet été, avec la poursuite des annonces de nouvelles versions commerciales et open source, et progrès en matière de traitement vocal, visuel et textuel. Parmi ces innovations, nous avons identifié certaines fonctionnalités et nouveautés dont certaines ont un impact sur nos pratiques de l’IA générative.
Anthropic vient d’annoncer la disponibilité d’une nouvelle fonctionnalité sur toutes les versions du modèle, tant payantes que gratuites (bien que beaucoup plus limitées).
Cette fonctionnalité permet de générer et d’afficher de façon interactive les réponses du chatbot dans une fenêtre distincte de la conversation principale. Il est important de noter que le terme « artefacts », sans définition très précise, est également utilisé pour désigner le contenu produit par le modèle (textes, visualisations, interfaces, etc.).