Exploiter tout le potentiel de Feedly pour la veille et la recherche d’information

• La version la moins chère débute à 6 $/mois, il s’agit de la version Pro.
• La version Pro+ est ensuite à 12 $/mois (il existe une réduction intéressante la première année) ;
• Et la version Entreprise (dont les tarifs ne sont pas affichés sur le site) s’avère complètement hors catégorie… Nous avons manqué de tomber de notre chaise quand notre contact chez Feedly nous a indiqué que l’abonnement Entreprise débutait à partir de 1200 $/mois (soit près de 15 000 $/an au minimum !).

Avec les années, on peut voir que le positionnement de Feedly change progressivement. Il ne cherche plus vraiment à toucher l’internaute indépendant, le veilleur de petites entreprises et organismes publics. Sa cible prioritaire aujourd’hui est la grande entreprise et pas nécessairement les veilleurs, mais plutôt toutes les personnes dans l’entreprise qui ont besoin de faire de la veille, mais n’ont ni le temps ni l’envie de mettre les « mains dans le cambouis ». La priorité est de proposer un outil simple et intuitif où la veille n’est finalement pas plus compliquée que d’appuyer sur quelques boutons et c’est grâce à l’IA que Feedly réussit en partie ce pari.

Dans cet article, nous avons donc fait le choix d’exclure la version Entreprise de nos tests, car on ne situe alors plus du tout dans l’univers des lecteurs/agrégateurs de flux RSS, mais dans celui des grosses plateformes de veille, ce qui n’est pas le sujet de ce numéro.

Nous avons donc testé et analysé la version Pro+ qui est finalement celle qui répond le mieux aux problématiques et contraintes des veilleurs et professionnels de l’information.

Exploiter tout le potentiel de Feedly pour la veille et la recherche d’information

Une place de choix au niveau du sourcing

Feedly dispose de forts atouts pour la phase de sourcing, car il dispose d’un très large corpus de sources préintégrées (sûrement issues des sources entrées par ses utilisateurs depuis des années).

Quand on met en place une veille, Feedly va ainsi avoir un rôle à jouer :

• Pour vérifier si une source a un flux RSS à partir de l’URL. Attention cependant, ce n’est pas parce qu’il n’en détecte pas qu’il n’y en a pas. Le détecteur n’est pas absolument parfait.
• Pour trouver des sources dans un domaine puisqu’il est possible de rechercher des flux par mot-clé et hashtags (car Feedly regroupe également des sources par thématiques) ;
• Pour trouver des flux RSS par recommandation de contenu. À côté de chaque flux, Feedly propose une option « similar feed » qui permet détecter des flux dans le même domaine et qui fonctionne plutôt bien.

Un outil de veille multicontenus

Si Feedly permet toujours d’intégrer des flux RSS, ce n’est plus le seul contenu que l’on trouve sur Feedly, ce qui permet donc d’en faire un outil de veille à part entière.

Feedly permet aujourd’hui :

• D’intégrer des flux RSS ;
• De créer des flux RSS pour les pages qui n’en ont pas ;
• De s’abonner à des newsletters ;
• De suivre des réseaux sociaux (en l’occurrence Twitter et Reddit) ;
• De suivre des requêtes sur Google Actualités ;
• De créer des alertes Web (un peu à la manière de Google Alertes).

En ce qui concerne les flux RSS, on notera que la version Pro+ se limite à 2 500 flux RSS, ce qui permet déjà de répondre à de nombreux besoins en matière de veille.

Pour les autres types de contenus, il faut avoir conscience de quelques éléments et limites pour les utiliser au mieux.

La création de flux RSS pour des pages ne proposant pas nativement de flux RSS est clairement un atout, mais il y a quelques limites. Feedly a choisi ici de proposer un créateur de flux très intuitif, mais aussi très basique. On est loin des possibilités avancées par certains créateurs de flux du marché et même de la fonctionnalité proposée par Inoreader. Ici, l’utilisateur ne peut que cliquer sur les titres des articles pour indiquer à l’outil ce qu’il souhaite surveiller. Si c’est un site d’actualités bien structuré, cela fonctionne bien, mais dès qu’on se retrouve sur des sites mal structurés ou d’autre nature, on se retrouve vite dans l’impossibilité de créer une surveillance.

Pour les newsletters, Feedly a choisi une fonctionnalité classique qui marche bien. L’internaute créé une adresse mail dédiée au sein de Feedly, s’abonne à la newsletter de son choix avec cette adresse et à l’avenir, la newsletter arrive directement dans Feedly. Chaque nouvelle newsletter correspond à un item dans Feedly. C’est très pratique pour éviter que les newsletters ne finissent dans les spams de sa boîte mail.

Pour les réseaux sociaux, Feedly se limite aussi au minimum, mais cela fonctionne bien. Pour Twitter, on peut surveiller tout ce qu’il est possible de surveiller : un compte précis, un hashtag, une requête par mot-clé, une liste Twitter et même sa timeline. Pour Reddit, pas de surprise non plus, on peut surveiller une requête par mot-clé, un subreddit ou une URL Reddit. Le gros point fort de Feedly concernant Twitter et Reddit, c’est qu’il n’y a aucune limite dans le nombre de flux que l’on peut créer, ce qui est loin d’être toujours le cas avec les autres lecteurs RSS.

Feedly propose toujours une intégration de Google Actualités, mais il faut bien avouer que cette fonctionnalité est de plus en plus difficile à trouver (on se rendra directement à l’adresse suivante : https://feedly.com/i/discover/keywordAlerts), car ce sont désormais les Web alertes qui sont mises en avant dans la plateforme. La fonctionnalité Google Actualités dans Feedly permet d’entrer une requête avec tous les opérateurs disponibles sur Google puis on choisit la langue du corpus (moins de choix que sur l’interface de Google Actualités elle-même).

A noter qu’on peut aussi créer soi-même un flux RSS sur Google Actualités que l’on viendra ensuite intégrer dans Feedly (voir notre article « Comment récupérer un flux RSS sur les moteurs web et Google Actualités ? » - NETSOURCES n°159 - juillet/août 2022).

Les alertes Web : séduisant mais à manier avec précaution

L’une des grandes spécificités de Feedly par rapport aux autres lecteurs/agrégateurs de flux RSS, c’est l’existence d’alertes Web.

Les alertes Web consistent à créer des alertes par mot-clé ou thématique pour être prévenu quand un nouveau contenu répondant à ces critères apparaît sur le Web.

La force de ces alertes, c’est que cela permet de découvrir des contenus en dehors des sources que l’on surveille habituellement, ce qui vient enrichir sa veille dite « radar ».

L’outil le plus connu est Google Alertes qui fonctionne malheureusement de plus en plus mal. Il y a également Talkwalker Alerts qui est avant tout un produit d’appel. Les grosses plateformes de veille permettent aussi de créer des alertes sur leurs gigantesques corpus de sources, ce qui revient finalement un peu au même, mais on n’est alors plus du tout dans le même budget.

Avec son système d’alertes, Feedly vient finalement se positionner sur le créneau des plateformes de veille. Les alertes ne portent pas sur l’ensemble du Web (il n’a pas d’index à la manière de Google), mais sur un gigantesque corpus de sources qu’il a lui-même rassemblées (ou en utilisant peut-être les sources entrées par l’ensemble de ses utilisateurs depuis des années, ce qui est fort probable…). Autre particularité de ces alertes, elles sont dopées à l’IA et permettent une recherche sémantique par concept, nom de personnes, entreprise, thème, mais aussi classiquement par mot-clé.

Mais il y a un mais…

Ce corpus conséquent et ces fonctionnalités à base d’IA, c’est ce que Feedly monnaye à prix d’or dans sa version entreprise. Et même si les utilisateurs de la version Pro+ y ont accès, ils se heurtent très régulièrement à de nombreuses fonctionnalités réservées à la version entreprise.

Déjà en termes de corpus, l’utilisateur Pro+ ne pourra utiliser les alertes que sur les sources suivantes : « All feedly » (des millions de sources comme des sites, blogs, magazines, subreddits, newsletters, etc., mais sont exclus les corpus réservés à la version Entreprise) ou Market Intel Bundle (un corpus de sources business et stratégie essentiellement anglo-saxonnes) et ses sous-ensembles (Strategy Magazines, Trade publications, Tech Blog, Business Magazines, Research Journals, Cultural and Popular Magazine, National Newspapers).

Les corpus Cybersécurité, Press Release ou encore Biopharma ne sont disponibles que pour les clients de la version Entreprise.

Ensuite, en termes de fonctionnalités de recherche, la recherche sémantique est vite limitée pour les utilisateurs de la version Pro+. Les concepts les plus intéressants pour la recherche sémantique (comme par exemple « Tech and Scientific Innovation », « new patents », type d’industrie, tendances, regulatory changes, etc.) ne sont pas disponibles pour le commun des mortels.

Et les quelques concepts intéressants disponibles (comme par exemple « product launches », « partnership ») n’ont pas de garantie de rester dans la version Pro+ très longtemps.

Autre limite : Cette recherche sémantique est optimisée pour la langue anglaise et ne permet donc pas de retrouver des contenus dans d’autres langues.

Il faut donc avoir conscience que les Web Alertes de Feedly sont avant tout un produit d’appel pour la version Entreprise et qu’il y a un risque que cette fonctionnalité ne soit un jour plus du tout disponible dans la version Pro+.

Maintenance de la veille et gestion au quotidien

Feedly est également plutôt bon pour tout ce qui a trait à la gestion quotidienne de la veille. Il offre un service de dédoublonnage des contenus qui est efficace et fonctionne en sous-main.

Il offre également une page dédiée où on peut voir comment fonctionnent ses flux et permet notamment détecter ceux qui sont inactifs.

La version Pro+ est peu adaptée aux autres étapes de la veille

Même si Feedly propose quelques fonctionnalités liées aux autres étapes de la veille : analyse, capitalisation ou encore diffusion, on voit bien que c’est un aspect qu’il réserve avant tout à ses utilisateurs « Entreprise ».

Certaines fonctionnalités ne sont pas inintéressantes, mais il y a un risque qu’elles ne subsistent pas dans la version Pro+ sur le long terme :

• Quand l’IA détecte un concept (lancement de produit, regulatory change), elle l’extrait de l’actualité et la met en évidence en haut de l’actualité ;
• On peut surligner des contenus et ajouter des notes ;
• On peut sauvegarder les contenus dans une collection personnelle appelée « Boards » ;
• On a la possibilité de partager un contenu sur Twitter ou Wordpress ;
• On peut sauvegarder un contenu sur Evernote ou OneNote

Feedly est aussi un moteur de recherche puissant

On perçoit Feedly comme un outil de veille, mais on oublie souvent qu’il excelle également en tant qu’outil de recherche.

Là où Feedly représente un véritable intérêt pour le pro de l’info, c’est dans sa capacité à proposer un moteur de recherche personnalisé et thématique. Et ce n’est pourtant pas sur cette fonctionnalité que Feedly communique véritablement... 

Au quotidien, il est difficile de retrouver des contenus sur le Web. Google propose de moins en moins de résultats et on est souvent obligé de se créer ses propres outils de recherche thématiques comme avec Google CSE ou encore les Goggles de Brave Search.

De ce point de vue là, Feedly est un concurrent sérieux. Il conserve tous les flux RSS entrés dans la plateforme (et dans un grand nombre de cas, il récupère les titres et abstracts, mais aussi souvent le texte intégral). L’utilisateur peut donc rechercher sur l’ensemble de ses contenus, mais aussi dans le vaste index de sources préintégrés dans l’outil.

Les archives ne commencent qu’au moment où on entre le flux dans Feedly, mais quand on fait de la veille sur Feedly depuis des années, la richesse des contenus présents dans l’outil est inestimable.

Le moteur permet d’utiliser les opérateurs AND, OR et NOT, de rechercher sur les titres ou tout le contenu, de limiter sa recherche à certains dossiers ou certains flux/sources, de limiter aux résultats publiés aujourd’hui, au cours des 7 derniers jours, 30 derniers jours ou « forever ». On peut classer les résultats par ordre antéchronologique et limiter aux contenus qui contiennent des images, des vidéos ou des documents.

Et il n’y a aucune limite dans le nombre de résultats affichés là où les moteurs personnalisés Web se limitent généralement à une centaine de résultats maximum.

Conclusion

Encore aujourd’hui, Feedly est sans aucun doute l’un des meilleurs lecteurs RSS avec Inoreader. Mais les deux outils prennent indéniablement des directions divergentes.

Inoreader est le couteau suisse de la veille dont les professionnels de l’information ont besoin. Feedly reste un excellent outil pour faire de la veille et des recherches d’informations, mais pour combien de temps encore, on est en droit de se poser la question.

Impossible de déterminer à ce stade si les versions relativement bon marché qui sont proposées aujourd’hui et répondent bien aux besoins des veilleurs vont subsister dans les années à venir. Ou si elles vont complètement disparaître au profit de la version Entreprise qui sera toujours plus positionné comme un assistant de veille dopé à l’IA. Et si elles subsistent, ne vont-elles pas se faire dépouiller de certaines fonctionnalités clés comme la recherche puissante sur l’ensemble des archives, la création de flux sur Twitter, ou autre. ? On avait déjà assisté par le passé au basculement de certaines fonctionnalités de la version Pro+ à la version Entreprise comme la création de newsletters par exemple.

Seul l’avenir nous le dira.