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Industrie pharmaceutique : panorama des sources d’informations

Netsources no
130
publié en
2017.09
857
Industrie pharmaceutique : panorama des sources ... Image 1
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L’industrie pharmaceutique est un secteur riche en informations de diverses natures, ce qui implique de disposer de multiples sources pour accéder à l’information la plus pertinente et la plus à jour.

Les différents métiers de l’industrie du médicament font appel à des sources spécialisées abordant les aspects scientifiques, cliniques, médicaux, techniques, réglementaires ou financiers du domaine.

Nous vous proposons ici un pa­norama des sources d’information qui interviennent dans le cycle de vie du médicament.

Bases de données pour le suivi des molécules en développement

Les informations produites en particulier pendant la phase de Recherche et Développement sont jalousement gardées par les entreprises concernées, qui les délivrent au compte-goutte et sous un format visant à séduire les marchés (pour les groupes cotés en bourse).

Reconstruire une image fidèle de l’activité des concurrents pendant les premières années de vie d’une nouvelle molécule exige de recouper plusieurs sources d’information de natures différentes.

Un certain nombre d’éditeurs proposent des bases de données accessibles en ligne et rassemblant les différents éléments d’information relatives aux molécules en développement, centrées autour de fiches molécules reliées entre elles par de nombreux index thématiques. Les informations retenues proviennent d’une multitude de sources comme les brevets, les articles scientifiques, les essais cliniques, la communication institutionnelle des entreprises (rapport annuel, site web, communiqués de presse, présentations aux investisseurs), les communications et posters aux conférences, etc.

Les plateformes de consultation pour accéder à ces informations très riches sont de plus en plus intuitives, permettant de s’affranchir de la connaissance d’un langage de commande pour réaliser des recherches avancées. Le développement de services annexes devient la norme (différents formats d’export « prêts à l’emploi », modules d’analyse et de statistiques, internalisation de pans entiers de la base de données au travers d’APIs, etc.).

Ces bases, très chères (plusieurs milliers d’euros par accès individuel et par an), et présentant chacune leurs avantages et leurs inconvénients, sont le point de départ indispensable à tout panorama de la compétition autour d’une indication, d’un mécanisme d’action ou tout autre angle de vue stratégique pour les décideurs. Ces bases conservant leur historique, il convient également d’alerter sur le fait que la grande partie des informations présentées concernent finalement des molécules qui ne sont plus actuellement développées.

Parmi les bases incontournables, on pourra citer :

Pour parvenir à gérer et recroiser aisé­ment les nombreux résultats générés par ces différentes bases, une société, Bizint, a même développé une suite logicielle dédiée qui permet de créer automatiquement des tableaux réca­pitulatifs (Bizint Smart Chart for Drug Pipelines).

Malgré la richesse des informations ainsi collectées, il convient de compléter la récolte en assistant aux congrès spécialisés, ou de déléguer cette tâche aux médecins et chercheurs de l’entreprise qui y assistent. Un dernier effort consistera à rassembler ces informations dans un rapport final qu’il conviendra de rediffuser en interne.

Zoom sur les bases d’essais cliniques

Avec la généralisation de l’obligation de rendre publiques les informations re­latives aux essais cliniques, notamment depuis 2014 pour l’Europe, un certain nombre d’acteurs publics proposent des bases de données librement accessibles en ligne.

  • ClinicalTrials.gov du NIH, certainement la base la plus populaire et présentant les capacités de recherche et d’alertes les plus avancées. Elle liste des essais conduits dans plus de 200 pays.
  • Le Registre européen des essais cliniques (https://www.clinicaltrialsregister.eu), liste les essais interventionnels (dont le but est de tester de nouveaux médicaments) conduits en Europe ou visant le marché pédiatrique européen, et débutés à partir de 2004.
  • EMA (European Medicines Agency) Clinical data, « À partir du 20 octobre 2016, l’EMA rend disponible en accès libre les données cliniques présentées par les sociétés pharmaceutiques en appui à leurs demandes d’autorisation pour des médicaments à usage humain dans le cadre de la procédure centralisée. L’EMA est la première agence nationale de contrôle des mé­dicaments à l’échelle mondiale à fournir un accès aussi étendu aux données cliniques. »
  • La plateforme de recherche du Registre international d’essais cliniques de la WHO (World Health Organisation), accès fédéré à la plupart des registres d’essais cliniques mondiaux.
  • OpenTrials (https://opentrials.net), nouvelle initiative du réseau de béné­voles Open Knowledge pour fédérer l’accès à tout type de documents et données relatif aux essais cliniques disponibles en ligne.

Quelques bases de données commer­ciales existent, comme Trialtrove (http://bit.ly/2z2QwNJ), qui proposent, en plus de l’accès fédéré aux informations publiques, ainsi que leur curation et enrichissement manuel, des services additionnels comme la mise à disposition d’outils d’analyse et de visualisation spécialisés ou la réalisation de landscape d’essais cliniques.

Bases de données de littérature scientifique et biomédicale

Malgré l’accès aux connaissances facilité par l’usage généralisé d’internet, la recherche avancée dans les bases de littérature scientifique et biomédicale reste une activité indispensable au travail de recherche et de recommandation des experts scientifiques et médicaux.

On peut citer quelques bases parmi les plus utilisées pour accéder à l’information biomédicale :

  • Medline et sa plateforme de recherche Pubmed : la base de données bibliographiques bio­médicale de référence, présentant l’avantage d’être gratuite, très complète sur les aspects cliniques, et d’offrir un système d’alerte très avancé.
  • EMBASE(Elsevier), une base de données bibliographiques payante et souvent utilisée en complément de la première, notamment pour couvrir les aspects scientifiques.
  • Egalement indexée par Medline, The Cochrane library, une base de données payante spécialisée en médecine factuelle (evidence-based medicine).
  • LiSSA : base de données biblio­gra­phiques de la littérature sci­entifique en santé de langue française.
  • BDSP de l’Ecole des hautes études en Santé Publique (EHESP) : base documentaire en santé publique. Dans la base de données sont signalés des articles de revues, les ouvrages de référence, des thèses, mémoires, travaux académiques, des actes de congrès, ...

On pourra également faire des re­cherches sur les sites des éditeurs de revues (en particulier quand on dispose déjà d’un abonnement en interne). On peut citer par exemple Sciencedirect (Elsevier) qui propose des capacités de recherche et d’alertes particulièrement avancées. Rappelons que la recherche et la visualisation des abstracts est gratuit ; en revanche, la visualisation des articles est payante sauf s’il s’agit d’articles en Open Access.

A différents stades de développement du médicament (R&D et développement pharmaceutique notamment), les sci­en­tifiques et ingénieurs ont besoin de développer de nouveaux protocoles ex­périmentaux permettant de synthétiser ou d’extraire les molécules actives, de les formuler (en leur associant d’autres molécules dans le but de faciliter leur administration et leur efficacité en tant que principe actif du médicament), d’évaluer leur dangerosité, de mettre en place des stratégies permettant de produire la molécule en grande quantité… Ces tâches nécessitent l’utilisation de bases de connaissances concernant les propriétés liées à la nature des molécules étudiées.

La plateforme Scifinder de CAS (Chemical Abstracts Service) permet d’accéder simplement à un ensemble de ressources traitant de la chimie, et donne notamment accès aux bases développées par CAS ainsi qu’à Medline. Cet outil est payant et destiné en priorité aux opérationnels scientifiques.

Les principales bases bibliographiques chimiques développées par CAS sont également accessibles en utilisant le serveur STN, moyennant une formation à un langage de commande spécifique. On citera ainsi CAS Registry (qui indexe toutes les substances organiques et inorganiques signalées dans la littérature depuis 1802), CAPLUS (principale base bibliographique de chimie, elle indexe articles et brevet), CASREACT (qui indexe les réactions extraites de la littérature depuis 1840), MARPAT (qui indexe les formules génériques de Markush et brevets associés).

Face à la position hégémonique de CAS, Reaxys est la solution payante d’Elsevier dédiée à la chimie. Il s’agit d’une base de données factuelles et bibliographiques en chimie organique, chimie inorganique et organométallique regroupant les données des bases Beilstein, Gmelin et Patent chemistry database.

La plupart des banques de données bibliographiques du domaine biomédical sont accessibles sur le serveur STN mais aussi Proquest-Dialog.

Thieme Pharmaceutical substances est une source d’informations touchant à la synthèse industrielle et aux applications commerciales de chaque médicament. Elle fournit l’accès direct aux synthèses, brevets et applications pour plus de 2 500 ingrédients pharmaceutiques actifs (API).

La plateforme TOXNET du NIH permet d’accéder à un ensemble de bases de données portant sur la toxicologie des molécules. En particulier, la base TOXLINE est la base bibliographique de référence du domaine, et la base HSDB(Hasardous Substance Databank) propose des données toxicologiques consolidées sur plus de 5000 composés.

Bases de données d’information sur les médicaments et sites médicaux

Quelques bases de références listent les médicaments mis sur le marché, et servent notamment de référence pour les professionnels de santé.

  • eVIDAL : base de connaissance VIDAL enrichie par rapport à la version papier. Elle donne également accès au Vidal Recos et à la base Tox’In.
  • Thériaque : banque de données sur tous les médicaments disponibles en France, destinée aux professionnels de santé, et éditée par le CNHIM (Centre National Hospitalier d’Information sur le Médicament).
  • Merck manual, Section Drug Information : monographies de médicaments sur le marché américain, module Drug Interactions et module Pill Identifier.
  • Orphanet développé par l’Inserm : « Inventaire de médicaments à tous les stades de développement, pour une ma­ladie rare en particulier ou pour un groupe de maladies rares. Cela inclut toutes les substances ayant reçu une dé­signation orpheline pour une (des) maladie(s) considérée(s) comme rare(s) en Europe ou aux Etats-Unis, qu’elles aient été ensuite développées pour devenir des médicaments approu­vés avec une autorisation de mise sur le marché(AMM) ou non. »
  • CISMEF : moteur de recherche de sites médicaux francophones comportant notamment un traducteur officiel des mots MESH en français (HETOP). La recherche sur Doc CiSMeF permet de retrouver des recommandations professionnelles (HAS, Centre Cochrane Français,...), des documents d’enseignements et des documents grand public.

Bases de données d’information réglementaire, légale et normative

Différents offices nationaux et internationaux imposent des contraintes importantes en matière de développement, d’essais cliniques, de fabrication et de commercialisation des médicaments.

La gestion de l’information réglementaire est devenue ces dernières années un champ stratégique, et la plupart des grandes entreprises pharmaceutiques cherchent à optimiser leurs dossiers de mise sur le marché pour obtenir le plus d’autorisations possibles, ou pour maintenir d’anciens dossiers.

Une connaissance pointue des différentes réglementations à travers le monde est également clé pour maitriser les opportunités sur les marchés étrangers.

Deux grands offices maitrisent l’entrée sur l’essentiel du marché mondial :

La FDA(Food and Drug Administration) se charge de l’évaluation scientifique des dossiers visant à obtenir une autorisation de mise sur le marché américain de nouveaux médicaments. Le site dispose d’une importante base de données permettant d’accéder à une partie du contenu des dossiers de soumission et aux autres documents retraçant les étapes d’approbation.

A noter en complément le très intéressant site FOI services qui permet d’accéder rapidement aux documents trop anciens pour être accessibles en ligne. Cela évite d’attendre plusieurs mois la réception des documents par la FDA.

La FDA donne également accès à la version électronique de l’« Orange Book » qui donne des informations sur les médicaments approuvés en fonction de l’innocuité et de l’efficacité. Autre point très intéressant, cette base de données permet de faire le lien avec le ou les brevets associés.

L’EMA (European Medicines Agency) publie des rapports détaillés d’évalua­tions scientifiques des dossiers : European public assessment reports (EPAR) pour chaque médicament ayant reçu une autorisation de mise sur le marché communautaire (Commission euro­péenne) et Public Assessment Reports pour certains médicaments utilisés en dehors de l’Union européenne.

Pour la France, l’ANSM(anciennement AFSSAPS) joue le même rôle. Voir également la Base de données publique des médicaments qui « permet d’accéder à des données et documents de référence sur les médicaments commercialisés ou ayant été commercialisés durant les trois dernières années en France ».

A noter qu’il existe des procédures spécifiques, incluant des avantages incitatifs, pour les médicaments dits « orphelins », c’est-à-dire développés pour le traitement de maladies ne permettant pas aux industriels de couvrir les frais de développement d’un nouveau médicament.

Concernant les essais cliniques, des normes de Bonnes Pratiques Cliniques doivent être respectées dans la plu­part des pays et sont définies par l’ICH (International Conference on Harmonisation of Technical Requirements for Registration of Phar­ma­ce­uti­cals for Human Use).

Du côté des processus de fabrication, les pharmacopées répertorient les matières premières autorisées et les procédures normalisées associées. Citons notamment la Pharmacopée européenne, publiée par le Conseil de l’Europe, la Pharmacopée américaine, et celle publiée au niveau mondial par l’OMS.

Bases de données sur la stratégie des entreprises et l’actualité de la concurrence

Au-delà des aspects scientifiques et médicaux, l’industrie pharmaceutique demeure une industrie dont le but est de maximiser les profits.

L’accès à des données relatives au marché et à la concurrence est également crucial pour garantir le positionnement le plus avantageux. Les bases suivantes sont surtout utilisées par les fonctions internes proches des enjeux financiers et stratégiques de l’entreprise, mais peuvent donner un éclairage com­plé­mentaire pour les besoins plus opérationnels de la R&D par exemple.

On citera :

  • Thomson One, en particulier la partie Corporate Insights : base de données d’analyse des sociétés, proposant notamment des rapports de brokers, d’institutions financières et d’associations professionnelles.
  • PAREXEL’s Bio/Pharmaceutical R&D statistical notebook : ce n’est pas une base de données, mais un ouvrage disponible en ligne, qui paraît tous les ans. Il présente les statistiques et tendances de la R&D pharmaceutique mondiale, ainsi que des analyses de marché.
  • Le Tuft Center for the study of Drug Development, publie régulièrement des rapports de référence abordant les problématiques-clés de la R&D pharmaceutique.

De nombreux sites de “news” sont dédiés au monde de l’industrie pharmaceutique, riche en évènements de toutes sortes, et proposent des niveaux d’analyse plus ou moins poussés parmi lesquels :

  • CafePharma: le site rassemble des news, ainsi que des posts de bloggers influents. Sa ligne éditoriale cible plutôt un public proche du marché. Il dispose par ailleurs de forums très actifs qui permettent d’accéder en temps réel à l’avis de ceux qui font le marché. On peut citer aussi sur le même créneau Eyeforpharma
  • EvaluatePharma : propose sur une base quotidienne des analyses des mouvements des acteurs du marché.
  • FiercePharma: rassemble l’actualité du domaine en temps réel, et pro­duit des analyses via le blog associé. Il existe des déclinaisons spécialisées sur quelques niches :

FiercePharmaManufacturing, FiercePharmaMarketing, FierceVaccines, FiercePharmaDrugDelivery.

  • PharmTech Talk : analyse de l’actualité et avis d’experts autour des questions de procédé industriel, formulation, emballage et tests.
  • Les publications « Strategic Transactions » : Pink Sheet, revue de référence des enjeux globaux autour des changements de politique et de réglementation ; Scrip, service d’analyse quotidien des développements commerciaux impactant l’industrie biopharmaceutique ; Medtech Insight, analyses et études prospectives pour le monde du dispositif pharmaceutique, du diagnostic et de la biotech en général ; enfin In Vivo, publication de référence proposant des analyses stratégiques.
  • BioCentury : propose différentes publications analysant l’actualité pour les acteurs de la pharma et de la biotech. A signaler en particulier, car service rare, Biocentury innovations(ancien SciBx), qui présente des analyses heb­domadaires sur le contenu et le potentiel commercial des der­nières innovations scientifiques et tech­no­logiques.
  • Plus spécialisé, BioIT World offre un suivi des tendances dans les domaines à fort enjeu à la croisée de l’informatique et de la biotech (découverte de molécules in silico, analyse génomique, toxicogénomique prédictive et médecine personnalisée).

Les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux constituent le dernier eldorado des grandes entreprises pharmaceutiques.

Leur stratégie de présence sur ces réseaux leur permet d’y capter les nouvelles attentes des patients, de communiquer au plus près du marché, mais également d’anticiper la détection des effets secondaires de leurs médicaments sur le marché, une obligation imposée par les agences réglementaires.

Par exemple, dès 2010, UCB innovait en sponsorisant le site « Patients Like Me Epilepsy » pour recueillir directement auprès des patients les effets indésirables des traitements.

L’industrie se tourne également vers les nouvellement nommés DOIs (Digital Opinion Influencers) qui peuvent être notamment des groupes de patients ou des patients, comme Catherine Cerisey, qui à travers son blog (https://catherinecerisey.com) sur le cancer du sein, est devenue une référence pour la communauté des autres malades en France.

Pour ce qui est des comptes Twitter à suivre pour être à jour en temps réel sur le domaine, on pourra se référer à la twittliste parue dans le numéro 123 de Netsources (juillet/août 2016).

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