Et tous ou presque ont ajouté une fonctionnalité « Newsletter » au cours des derniers mois en développant leur propre système de newsletter ou en rachetant des solutions existantes de création de newsletters (cf. Figure 1. Exemple de newsletter intégrée à LinkedIn).
Figure 1. Exemple de newsletter intégrée à LinkedIn
Difficultés et solutions pour la recherche et la veille :
Avoir plus de contenus n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour la veille et la recherche d’information, du moins pour le moment :
En effet, les outils de recherche intégrés aux réseaux sociaux ne prennent pas toujours en compte ces nouveaux contenus. Ils permettent avant tout de ne chercher que sur le contenu traditionnel de la plateforme. C’est par exemple le cas de newsletters que l’on ne peut pas rechercher par exemple sur Twitter ou LinkedIn.
D’ailleurs, même les outils de recherche et de veille qui incluent les réseaux sociaux ne prennent pas non plus nécessairement en compte ces nouveaux contenus.
Il faut donc développer des méthodologies spécifiques pour atteindre les nouveaux types de contenus et c’est ce que nous montrons dans les articles dédiés aux outils dans ce guide.
2. Une instabilité entre flux algorithmiques et flux chronologiques
Au début des réseaux sociaux, le flux d’information de chaque utilisateur (liés à ses abonnements et à ce que ses amis et connaissances publient) était avant tout chronologique. On pouvait visualiser tout ce que ses contacts et abonnements publiaient, même si cela pouvait représenter un volume conséquent. Et c’était très pratique quand on recherchait sur ces mêmes réseaux.
Par la suite, la majorité des réseaux sociaux ont adopté un flux algorithmique qui affiche et met en avant uniquement une sélection de contenus (essentiellement issus des abonnements et de ses contacts, mais il peut aussi y avoir des contenus sponsorisés ou recommandés par l’algorithme) avec des critères de sélection opaque (liés à son comportement, ses interactions, ses intérêts, etc.). Et quand on fait de la veille et des recherches, cela signifie qu’on n’a jamais totalement accès à tous les contenus qui répondent à notre requête mais à une sélection déterminée par un algorithme.
Dans le contexte actuel (de bulles de filtres, désinformation, demande de plus de transparence du côté des internautes), certaines plateformes revoient leur stratégie en matière de classement des résultats parfois sous la pression des internautes :
- Certains permettent à l’internaute de revenir à un flux chronologique s’il le souhaite (Twitter par exemple) ;
- D’autres proposent la possibilité d’afficher un flux chronologique, mais la mise en place est tellement compliquée et instable que personne ne le fait (Facebook et LinkedIn par exemple) ;
- D’autres restent sur un modèle 100 % algorithmique comme TikTok par exemple.
- À titre d’exemple Instagram a réintroduit une sorte de flux antéchronologique même si ce n’est pas complètement satisfaisant. Les utilisateurs peuvent choisir 50 comptes maximum dans leurs favoris et ses comptes seront visualisables en intégralité et classés par ordre antéchronologique (Source).
Difficultés et solutions pour la recherche et la veille :
Il y a une véritable instabilité chronique entre flux algorithmique et flux chronologique qui n’est pas simple à gérer quand on recherche de l’information sur les réseaux sociaux.
Globalement, le flux algorithmique est toujours celui proposé par défaut et les réseaux sociaux restent très discrets quant à la possibilité d’accéder à un flux chronologique pourtant beaucoup plus approprié quand on recherche de l’information.
Seule solution : surveiller attentivement l’actualité des réseaux sociaux afin de détecter un éventuel retour ou abandon du flux chronologique qui pourrait venir affecter sa veille.
Et dès que l’on détecte la possibilité d’avoir accès à un flux antéchronologique, on a intérêt à l’utiliser pour ses veilles et recherches d’information.
3. Quand les contenus éphémères et instantanés laissent des traces dans le temps
L’une des grandes tendances de ces dernières années pour les réseaux sociaux est l’émergence des contenus éphémères, c’est-à-dire des contenus qui n’ont pas vocation à rester et à être sauvegardés et qui ont une durée de vie très limitée.
C’est le cas des Stories, mais aussi plus récemment des salons audio qui sont des espaces de discussion à la manière de Clubhouse.
Mais il semble bien qu’on arrive aux limites de ce modèle et que les réseaux sociaux commencent à proposer des solutions de sauvegarde et de capitalisation à la demande de leurs utilisateurs.
- Clubhouse s’est ainsi récemment enrichi d’une fonctionnalité Replay où les créateurs peuvent enregistrer la session puis la publier sur leur profil ou un club.
- Tiktok de son côté teste un historique permettant aux utilisateurs de retrouver les vidéos visionnées au cours des 7 derniers jours.
Difficultés et solutions pour la recherche et la veille :
Rechercher sur les contenus éphémères était jusqu’à présent quasi-impossible.
Mais si les solutions de sauvegarde et d’archivage venaient à se multiplier à l’image de ce que commencent à proposer certains acteurs, cela signifie que les contenus éphémères (qui ne seraient plus si éphémères que cela finalement…) pourraient intégrer les processus de veille et de recherche beaucoup plus facilement.
4. Va-t-il falloir payer pour utiliser les réseaux sociaux ?
Les réseaux sociaux comme de nombreux autres outils et producteurs de contenus basculent progressivement vers un modèle freemium. Soit l’outil devient en partie payant pour accéder à certaines fonctionnalités, soit les utilisateurs ont la possibilité de faire basculer leur compte vers un modèle fermé où les internautes les rémunèrent pour pouvoir accéder à leurs contenus.
On apprenait ces derniers mois que :
- Discord expérimente une formule premium payante ;
- Twitter a lancé des comptes professionnels avec des fonctionnalités spécifiques et a également lancé les « Super Follows » qui permettent de proposer ses contenus sur son compte Twitter moyennant paiement ; Elon Musk qui vient d’ailleurs de racheter Twitter a indiqué récemment qu’il souhaitait faire augmenter le nombre d’abonnements payants à Twitter pour le rendre plus rentable ;
- Quora permet à ses utilisateurs de monétiser leurs expertises ;
- Clubhouse a également lancé les paiements en direct pour rémunérer les créateurs ;
- Facebook va permettre la monétisation des Stories avec la possibilité d’ajouter des autocollants publicitaires dans les Stories ;
- Telegram devrait prochainement proposer une version payante.
Difficultés et solutions pour la recherche et la veille
À l’heure actuelle, les versions payantes des réseaux sociaux n’offrent pas de réelle valeur ajoutée pour la veille et la recherche d’information. Il s’agit surtout de fonctionnalités utiles pour les créateurs de contenus. De même, le nombre d’internautes qui passent leurs comptes en privé sur abonnement reste restreint.
Mais attention, il n’est pas impossible que cela évolue au cours des prochaines années et qu’il faille être prêt à payer pour accéder à certains contenus. On a pu voir un mouvement similaire avec le retour de la presse payante et il en est de même avec les outils de veille et lecteurs RSS gratuits qui ont tous progressivement basculé sur des modèles payants.
5. Des réseaux sociaux qui ne simplifient pas la veille
Avec les années, les réseaux sociaux se sont refermés sur eux-mêmes et empêchent de plus en plus les applications externes d’accéder à leurs plateformes. Exit tous les petits outils qui permettaient de rechercher simultanément sur plusieurs réseaux sociaux, qui permettaient d’analyser un compte, télécharger des contenus, etc.
De plus, les réseaux sociaux ont progressivement retiré toutes les fonctionnalités permettant de faire de la veille, à savoir les flux RSS et les alertes mails. Les réseaux sociaux veulent que les internautes passent le plus de temps possible sur leur plateforme sans en sortir.
Et même pour les grosses plateformes de veille et de social media monitoring, il n’est pas toujours simple de surveiller les réseaux sociaux. LinkedIn a été le grand absent de tous ces outils pendant des années en raison d’une politique d’accès et de scraping extrêmement restrictive.
Mais le vent pourrait bien être en train de tourner. LinkedIn vient d’essuyer un nouveau revers. LinkedIn avait en effet porté plainte en 2019 contre hiQ Labs qui collectait massivement des données du réseau social professionnel pour alimenter son propre produit. Les juges avaient alors estimé que cela n’avait rien d’illégal et LinkedIn avait alors choisi de faire appel. Dans le nouveau verdict rendu il y a peu, les juges continuent d’estimer que cela n’a rien d’illégal.
Difficultés et solutions pour la recherche et la veille :
Aujourd’hui, le plus efficace pour rechercher et faire de la veille sur les réseaux sociaux consiste la plupart du temps à passer par les plateformes de réseaux sociaux elles-mêmes (sauf si on dispose d’une grosse plateforme de veille ou de social media monitoring).
Les outils externes ne représentent que des petits compléments qui permettent de réaliser quelques actions qu’il est impossible de faire directement sur le réseau social. Mais ils sont instables et peuvent disparaître à tout moment surtout si le réseau social sur lequel ils reposent décide de devenir plus restrictif en matière d’accès.
Cependant quand on dispose d’un accès à des outils de recherche et de veille payants qui proposent une surveillance des réseaux sociaux, on a tout intérêt à en tirer parti, car ces outils proposent des fonctionnalités de recherche et de filtre souvent supérieures à ce que proposent les réseaux sociaux eux-mêmes, mais aussi des fonctionnalités d’export et d’analyse. Et qui plus est, ces outils sont stables et ont peu de chance de disparaître du jour au lendemain.
La récente décision de justice à l’encontre de LinkedIn montre que les réseaux sociaux ne peuvent pas non plus tout interdire. Et c’est une bonne nouvelle pour la veille. On voit d’ailleurs que les outils de veille commencent à intégrer ou réintégrer LinkedIn dans les sources qu’ils surveillent.
6. L’intérêt des réseaux sociaux évolue avec le temps : il ne faut pas les exclure une fois pour toutes
Au début des réseaux sociaux, on ne peut pas dire que leur intérêt était absolument indispensable pour la veille et la recherche d’information.
Rapidement, pour les veilleurs et professionnels de l’information, Twitter a su s’imposer comme le réseau social de référence et indispensable dans un grand nombre de cas. Car de nombreux experts ou passionnés sont présents sur ce réseau social et y partagent leurs analyses, leurs propres publications ou recommandent de multiples contenus pertinents. Actualités, information business, information métier, information scientifique et technique, etc., tout a sa place sur Twitter.
Du côté de LinkedIn, si pendant longtemps, il n’avait d’intérêt que pour rechercher des profils de personnes et donc trouver des experts ou des candidats pour un poste, sa place pour la veille a beaucoup évolué au cours des dernières années. Car en diversifiant ses contenus, LinkedIn est sorti de ce rôle d’annuaire de CVs pour devenir un réseau social très complet comme Twitter ou Facebook, mais toujours affilié au monde professionnel.
Difficultés et solutions pour la recherche et la veille
Ce n’est pas parce que certains réseaux sociaux n’ont pratiquement aucun intérêt professionnel aujourd’hui qu’ils n’en auront pas demain. Il faut rester en alerte et ne pas les mettre trop vite au placard.
Par exemple, Twitch qui était exclusivement utilisé par les gamers pour diffuser des parties de jeux vidéo a beaucoup évolué récemment avec l’arrivée de médias d’information (TV, presse écrite, etc.) qui y diffusent des émissions régulières (actualités, politique, etc.) pour attirer un public jeune qu’ils n’arrivent pas à capter sur d’autres plateformes. Et si ces émissions apportent du contenu exclusif que l’on ne retrouve pas ailleurs, alors Twitch peut avoir toute sa place dans un processus de veille et de recherche d’information.
Quelques indices laissent aussi penser que WhatsApp pourrait gagner en intérêt dans les prochaines années.
- WhatsApp est en effet de plus en plus utilisé en Amérique latine et en Afrique dans une optique de communication et de marketing. Dans cet article du GIJN, on découvre ainsi que des médias locaux en Amérique latine utilisent WhatsApp pour créer des communautés de lecteurs, partager des articles, entamer des discussions avec leurs lecteurs. On apprenait également récemment que Whatsapp testait une fonctionnalité d’annuaire (de type page jaune) au Brésil afin d’aider ses utilisateurs à identifier des entreprises et commerces à proximité. (Source)
- Et il y a quelques jours WhatsApp annonçait quelques nouveautés comme la possibilité de partager des fichiers beaucoup plus volumineux et la possibilité de créer des groupes plus grands (jusqu’à 512 membres contre 256 actuellement)
- Si tout cela reste encore timide, on surveillera tout de même avec attention les évolutions de Whatsapp et ses usages à travers le monde, car il n’est pas impossible qu’il puisse devenir un outil de sourcing intéressant pour détecter des médias et des entreprises dans certains pays en développement ou que l’on voit se développer des groupes WhatsApp thématiques intéressants à suivre dans le cadre d’une veille.
Dans le prochain numéro de NETSOURCES, deuxième partie de notre guide réseaux sociaux, nous continuerons notre exploration détaillée des grands réseaux, Twitter, Facebook, LinkedIn, Instagram et Telegram et nous attacherons à détailler comment rechercher efficacement et mettre en place une veille sur chacun de ces réseaux.