LexisNexis Business Information Solutions : 2 produits, 2 publics qui s’entremêlent
Aujourd’hui, LexisNexis Business Information Solutions propose deux principaux produits et outils : Nexis et LexisNexis Newsdesk
Nexis
Nexis qui est le produit historique depuis 1979, un agrégateur de presse qui s’adresse avant tout aux professionnels de l’information. Il donne accès à des contenus sous licence, propose des fonctionnalités de recherche expertes, fournit des archives très profondes. Il faut noter que Nexis était une diversification de la partie juridique Lexis qui était la première à exister.
LexisNexis Newsdesk
LexisNexis Newsdesk quant à lui, lancé il y a 5 ans, se positionne davantage sur le créneau de la veille que de la recherche documentaire. Même s’il répond aux besoins et problématiques des professionnels de l’information, il s’adresse également aux professionnels des relations publiques, de la communication et du marketing. L’idée n’étant pas de fournir une très grande antériorité (même si elle est loin d’être négligeable) mais un flux d’information. Et si on dispose toujours de contenu sous licence négocié par le groupe, le corpus de sources est ici beaucoup plus vaste avec des contenus Web, TV/radio ou encore médias sociaux.
Et encore...
A cela s’ajoute une base de donnée journalistes « LexisNexis Media Contacts Solutions » pour les relations presse. On y trouve 800 000 contacts uniques dont 60 000 pour la France. Il s’agit principalement de journalistes et blogueurs. Le public ciblé ici est surtout Relations publiques / Communication.
LexisNexis BIS propose enfin une gamme de services comme une API de contenus s’interfaçant sur les systèmes de ses clients, des prestations de veille médias ou encore des études sur mesure comme des études d’images pour les Relations Publiques ou les Services Communication.
Newsdesk : la combinaison réussie entre la recherche presse et documentaire classique et le web et social media monitoring
Dans un contexte de veille, c’est l’outil Newsdesk qui va s’avérer le plus à même de répondre aux besoins des professionnels de l’information dans la gamme de produits proposée par LexisNexis BIS.
L’apparence d’une plateforme de social media monitoring
De prime abord, Newsdesk ressemble beaucoup à une plateforme de Social Media Monitoring avec ses onglets :
- Tableaux de bords
- Rechercher
- Analyser
- Partager
Figure 1. Interface de Newsdesk
Il gère toutes les phases de la veille : du sourcing et de l’élaboration de la stratégie de recherche à la diffusion en passant par la collecte et l’analyse.
D’autre part, comme sur tous ces outils social media monitoring, l’accent est mis par défaut sur des sources médias web et social media comme les sites d’actualités, les réseaux sociaux, les médias photos et vidéos, les blogs, etc.
Mais on peut également ajouter ses propres flux RSS ou demander à faire crawler certains sites Web comme des sites d’entreprises ou institutionnels, des publications scientifiques et académiques, des appels d’offres, etc.. Ce qui fait que le produit peut également évoluer vers une plateforme de veille Web intégrée plus classique.
Mais la ressemblance s’arrête là et on constate vite que derrière cette « coquille » à l’utilisation intuitive et au design simple, épurée et résolument moderne se cache en réalité une puissance d’interrogation et de recherche et un véritable travail de sélection des sources hérités du long passé du serveur LexisNexis.
Un corpus qui va au-delà du gratuit et du Web ouvert
A l’origine, les plateformes de veille web et de social media monitoring se focalisaient quasi-exclusivement sur des contenus gratuits librement accessibles sur le Web : blogs, la partie publique et gratuite des sites de presse, forums, sites de commentaires, réseaux sociaux comme Twitter, Facebook, Instagram, YouTube.
Comme nous avons récemment pu le voir à plusieurs reprises dans NETSOURCES, cela tend à évoluer et certains acteurs intègrent déjà des contenus TV/Radio payants comme Digimind Social ou encore Talkwalker et certains réfléchissent également à l’intégration de presse payante dans leurs produits.
Chez Newsdesk, c’est différent car les contenus sous licence sont l’essence même de l’entreprise. Rien de surprenant d’y retrouver le contenu des émissions de radio et télévision ainsi que la presse écrite en France et à l’international. Il s’agit cependant d’options payantes qui ne sont pas incluses par défaut dans l’abonnement standard.
Si ces contenus sous licence et notamment les contenus presse sont proposés avec une antériorité de 5 ans maximum et ne permettent pas de remonter aussi loin que ce que peut proposer leur autre produit Nexis, cela est malgré tout suffisant dans la grande majorité des cas.
Dans un contexte de veille, il est rarement nécessaire d’avoir besoin de remonter au-delà de 5 ans et même pour des recherches d’information ponctuelles, cela s’avère généralement tout à fait suffisant.
Sélection versus exhaustivité sur les réseaux sociaux
En plus des sources du Web ouvert et gratuit et des contenus sous licence, Newsdesk se positionne comme un outil de surveillance des réseaux sociaux. Mais là encore, il ne fait pas comme tout le monde.
Là où la quasi-totalité des plateformes de social media monitoring surveillent ou permettent d’interroger par mots-clés l’intégralité d’un réseau social, en tous cas,la partie publique, Newsdesk favorise la sélection et la représentativité plutôt que la recherche d’exhaustivité.
Il est possible de mettre sous surveillance tous les réseaux sociaux mettant à disposition des flux RSS ou des API et analyser toutes les données disponibles dans les règles imposées à tous de l’exploitation des données personnelles.
Quand l’utilisateur met en place une veille ou effectue une recherche ponctuelle sur les réseaux sociaux présents dans Newsdesk, il n’interroge ni ne surveille l’intégralité de la base de Twitter, Instagram et autres, même si c’est techniquement possible pour Twitter.
Au contraire, Newsdesk lui fournit alors un corpus de sources réseaux sociaux personnalisé avec une sélection de comptes et contenus en lien avec ses besoins et problématiques.
Il s’agit là encore d’un corpus en option.
La recherche ponctuelle et d’archives au cœur du produit
Si Newsdesk est sans aucun doute un outil de veille et y a toute sa place, il intègre également la question de la recherche d’information ponctuelle.
N’oublions pas que la recherche documentaire et presse était originellement le cœur de métier de LexisNexis BIS et il est donc normal que cela occupe toujours une place importante dans ce nouveau produit.
Comme nous le mentionnions précédemment, la plateforme fournit jusqu’à 5 ans d’archives pour les contenus sous licence (on peut cependant intégrer si besoin au produit une plus grande antériorité issue de l’agrégateur de presse Nexis moyennant un avenant spécifique et payant) et en moyenne 100 jours pour les autres contenus mais l’élargissement de cette période à 5 ans est à l’étude. De plus, l’antériorité peut varier d’une source à l’autre. Pour Twitter, il est par exemple possible de remonter beaucoup plus loin.
Du côté des autres plateformes de veille intégrées et social media monitoring, cette question de l’antériorité et des archives est traitée d’une manière différente. Nous avons eu l’occasion d’aborder cet aspect dans le précédent numéro de NETSOURCES « De la veille à la recherche rétrospective, il n’y a qu’un pas » (NETSOURCES n°134 - Mai / Juin 2018).
A l’origine, ces outils ne s’intéressaient pas vraiment à la question de l’antériorité et ne permettaient pas de remonter au delà de quelques mois avant la mise en place de la veille. Et surtout, ils n’avaient pas vocation à être utilisés comme des outils de recherches ponctuelles.
Aujourd’hui, le paysage a changé. Certains outils de social media monitoring ont développé des produits à part, des moteurs de recherche médias Web/social medias qui offrent une antériorité de 12/13 mois et au mieux de 2 ans sur une partie de leurs sources. D’autres ont intégré directement la recherche dans leur plateforme et l’antériorité proposée varie beaucoup d’un outil et d’une source à l’autre.
On constate donc que, si Newsdesk a une longueur d’avance sur les contenus sous licence avec ses cinq ans d’antériorité, ce n’est pas nécessairement le cas pour les autres types de contenus où certains concurrents peuvent, sur le papier, aller plus loin. Mais là encore, l’antériorité peut varier d’une source à l’autre et cette question est juridiquement compliquée.
Cependant, Newsdesk a su allier l’aspect recherche et veille de manière fluide et cohérente dans son interface alors que ce n’est pas nécessairement aussi évident chez les plateformes qui proposent également des fonctionnalités de recherche ponctuelle dans la même interface.
Newsdesk est autant un outil de recherche ponctuelle qu’une plateforme de veille alors que chez les autres plateformes, l’aspect Veille continue à prédominer sur la recherche ponctuelle ou fait tout simplement l’objet d’un produit à part.
Des fonctionnalités de recherche expertes pour la veille
Si les fonctionnalités de recherche et les opérateurs disponibles sur les plateformes de veille Web et social media monitoring ont considérablement évolué et sont aujourd’hui beaucoup plus riches qu’il y a une dizaine d’années, Newsdesk conserve toujours une longueur d’avance en la matière par rapport aux autres plateformes de veille.
Car les équipes de LexisNexis BIS ont su tirer parti des fonctionnalités de recherche expertes qui ont fait son renom avec le produit historique NEXIS tout en les adaptant aux nouveaux types de contenus sociaux dont se nourrit la plateforme Newsdesk.
Parmi les opérateurs de recherche originaux et assez uniques en leur genres pour des plateformes de veille mais classiques et assez répandus chez les agrégateurs de presse et les serveurs d’information classiques, on pourra citer :
- NEAR/nombre l’opérateur de proximité qui recherche les termes à 10 mots maximum l’un de l’autre ; Les opérateurs de proximité sont cependant de plus en plus répandus chez les outils de veille.
- MULTIPLE/nombre pour indiquer qu’un terme doit être présent au minimum n fois dans le document ; A notre connaissance, cela n’existe sur aucun autre outil de veille.
- wordCount: pour rechercher des articles d’une certaine longueur. On écrira ainsi (wordCount:[500 TO *]) pour retrouver des articles ayant plus de 500 mots. A notre connaissance, cela n’existe sur aucun autre outil de veille.
Ainsi que les fonctionnalités suivantes qui sont mêmes réellement originales chez les agrégateurs de presse :
- ^mot pour insister sur la présence d’un terme. Le mot aura alors plus de valeur que les autres et sera mis en évidence dans les résultats par l’algorithme de classement ;
- titleASCS ou contentACS: pour rechercher dans le titre des documents ou le contenu en respectant la casse et les accents qui est bien pratique lorsque l’on cherche ou effectue des veille sur des sociétés comme Total ou Apple par exemple… A notre connaissance, seule la plateforme Visibrain permet de respecter la casse.
L'intelligence artificielle
L’autre grande force de LexisNexis repose dans ses fonctionnalités d’indexation automatique, qui depuis quelques années reposent en partie sur l’Intelligence Artificielle. C’était déjà l’une des forces de son produit historique Nexis mais cela a réussi à être transposé dans la plateforme Newsdesk.
Sur ce sujet, nous vous invitons à lire ou relire notre article « Au-delà de la simple correspondance de mots-clés : recherche sémantique, taxonomie, etc. » paru dans BASES n°354 - Décembre 2017 qui faisait suite à la journée d’étude « Search Solutions 2017 » où Mark Fea, Taxonomy Director parlait l’utilisation de la taxonomie dans les produits de LexisNexis.1
En plus des requêtes classiques pour rechercher de l’information, LexisNexis propose donc une indexation automatique sujet et secteur d’activité très détaillée et précise permettant notamment de retrouver et surveiller l’information dans d’autres langues.
De plus, Newsdesk opère une reconnaissance des entités nommées permettant de visualiser les résultats par sujet, industrie, entreprise, organisation, personne, produit et lieu, ce qui peut apporter une aide précieuse lors de la phase d’analyse.
Un index utile pour la phase de sourcing
L’un des défauts des plateformes de social media monitoring souvent pointé du doigt par les professionnels de l’information, est le caractère opaque du corpus pré-intégré à la plateforme. On « ratisse » très large mais on ne sait jamais très précisément ce que l’on surveille et ce que cela inclut.
Sur Newsdesk, on appréciera donc la présence d’un index dédié avec le nom et le descriptif de chaque source, ce qui est d’une aide précieuse lors de la phase de sourcing avec la possibilité de filtrer les sources par langue, pays, région, sous-région, état, ville, catégorie, section, statut d’abonnement, type de média, plateforme, licence et secteur.
Cet index est d’ailleurs en cours d’amélioration afin d’enrichir encore les données et donc simplifier la requête et le choix des sources à interroger.
Des fonctionnalités d’analyse et de partage qui gagneraient à être mieux intégrées
Newsdesk permet enfin de créer des tableaux de bord personnalisés et partagés intégrants de nombreux graphiques et analyses. Et c’est finalement peut-être sur ce point-là que Newsdesk n’a pas encore réussi à avoir la même force de frappe que les autres plateformes de social media monitoring.
Nous avions abordé cette question dans un précédent article de BASES intitulé « Dataviz : les agrégateurs de presse font-ils la bonne analyse ?» (BASES n°357 - Mars 2018).
L’auteur, Aurélie Vathonne, concluait alors que, chez Newsdesk mais également chez les autres agrégateurs de presse traditionnels comme Factiva ou encore Press’edd qui ont intégré des fonctionnalités d’analyse et de dataviz au cours des dernières années « la performance est donc très discutable lorsqu’on tente d’utiliser le module pour effectuer une analyse de nature plutôt qualitative. En revanche, ces modules d’analyse sont très utiles pour comparer quantitativement plusieurs requêtes de même nature : requêtes sur un nom de société, sur un nom de marque, sur un nom de personnalité (avec chaque fois un seul nom par requête). Dans ce cas de figure, les modules d’analyse sont plutôt efficaces.
De même, ils peuvent aussi aider le professionnel de l’information à surveiller la performance d’une requête dans le temps : il est en effet fréquent qu’une stratégie de recherche mise au point s’appauvrit au fil du temps en nombre de résultats obtenus, parce qu’elle n’a pas été enrichie avec de nouveaux mots-clés ou de nouveaux noms d’acteurs. La mesure du nombre d’articles générés au fil des mois constitue donc un indicateur précieux pour revoir le cas échéant les critères de recherche. »
De plus, chez la majorité des plateformes de social media monitoring, l’aspect visuel prime sur la visibilité du contenu et des résultats eux-mêmes alors que c’est exactement l’inverse sur Newsdesk.
Sur ces plateformes, la première chose que l’on visualise lorsqu’on lance une requête ou qu’on intègre des mots-clés, ce sont des graphiques avec le volume dans le temps, l’analyse du sentiment, des graphes par types de sources, etc. Les résultats de la requête eux-mêmes ne sont pas nécessairement visualisables immédiatement et cela nécessite de cliquer sur un onglet spécifique ou sur l’un des graphiques.
A l’inverse sur Newsdesk, quand on entre une requête, c’est une liste de résultats classique qui apparaît. Les possibilités d’analyse et de dataviz ne sont disponibles qu’après avoir enregistré la requête, choisi de créer une analyse, sélectionner le type de graphique, etc. Et le processus pour y parvenir s’avère finalement assez long même si LexisNexis BIS travaille continuellement sur cette question pour simplifier le processus.
Mais cela s’explique aussi par le fait que les processus intellectuels d’affinage et d’évaluation de la requête et des informations sont des process toujours longs. Et on est ainsi loin des analyses « boîtes noires » que certains systèmes proposent.
Newsdesk : une entrée réussie sur le marché de la veille
Avec Newsdesk, LexisNexis Business Information Solutions a réussi son pari en proposant une plateforme répondant aussi bien aux besoins des professionnels de la communication/marketing que des professionnels de l’information.
On bénéficie de ce qui a fait la force de Nexis comme les fonctionnalités de recherche expertes, des contenus sous licence et la force de l’indexation ; tout cela agrémenté de fonctionnalités de veille et d’un corpus qualifié, transparent et multisources qui tiennent la route.
Même si on pourrait apprécier un renforcement de possibilités d’analyse et de l’aspect collaboratif dans la plateforme, Newsdesk est définitivement une plateforme de veille Web et de social media monitoring mais également un outil de recherche professionnel très performant.