L’intégration de sources payantes dans les plateformes de veille : des connecteurs à la formalisation de l’offre
Des connecteurs avec des sources payantes qui existent depuis longtemps
Si par défaut, les clients des plateformes de veille disposent ou peuvent ajouter des sources gratuites à l’outil, ces acteurs ont depuis très longtemps développé des systèmes de connecteurs pour intégrer à la demande les sources payantes auxquels souscrivent leurs clients.
Tous les acteurs que nous avons interrogés indiquent qu’ils proposent un système de connecteurs, d’API ou de paramétrage avancé de la plateforme de veille pour s’authentifier sur un site depuis déjà de très nombreuses années.
L’intégration de sources payantes n’est pas un phénomène nouveau mais on est en train de passer d’une logique de « cas par cas » en fonction des demandes des clients à une offre plus standardisée où tous les clients peuvent choisir en option des fournisseurs d’information payante parmi tout un bouquet de sources et de fournisseurs intégrés à la plateforme.
Quelles sources payantes ?
D’un point de vue technique, tous les acteurs nous ont répondu que toutes les sources payantes ou presque peuvent être mises sous surveillance qu’il s’agisse de bases de données presse, scientifique, technique, business, brevets, normes, réglementation, bases internes, etc.
Quand un connecteur n’existe pas encore, les éditeurs se chargent de son développement à la demande du client et en lien avec le fournisseur d’information.
D’un abonnement à la charge du client à une intégration complète
On constate que dans la majorité des cas, c’est le client qui reste en charge de l’abonnement à la source d’information payante (site spécifique, agrégateur de presse, base de données scientifique, etc.). L’éditeur de veille se contente d’un rôle d’intégrateur pour son client et ne mutualise pas les sources pour l’ensemble de ses clients.
Mais c’est sur ce point que les choses sont en train d’évoluer. Les dernières annonces faites par les éditeurs de veille tendent à montrer que ces derniers signent aujourd’hui directement des partenariats avec les fournisseurs d’information payante et proposent ensuite directement ces sources à leurs clients, souvent en option.
C’est le cas de Digimind avec sa Marketplace ou Sindup avec l’intégration de la base d’appels d’offres. Pour Meltwater, difficile de savoir si Factiva est accessible par défaut à l’ensemble de leurs clients ou bien en option uniquement.
D’après l’article de La Lettre A que nous mentionnions en début d’article, cette tendance pourrait s’expliquer de la manière suivante :
« D’une manière générale, les intégrateurs de presse comme Factiva, mais aussi LexisNexis et CEDROM-Sni (NDLR : Europresse), voient leurs revenus régresser régulièrement depuis quelques années, avec la concurrence de Google et des web crawlers. D’où, probablement, la tentation de faire alliance avec eux pour conquérir des parts de marché qui leur échappent aujourd’hui. » - Lettre A, 21 novembre 2018, « Après son alliance avec Meltwater, Factiva affronte la colère des éditeurs »
Comment interroge-t-on ces sources ?
Cette intégration des sources payantes pose néanmoins un questionnement majeur.
Les grands fournisseurs d’information payante (agrégateurs de presse, bases de données scientifiques, business, etc.) proposent, pour la majorité, des fonctionnalités de recherche très puissantes.
Et utiliser un outil avec des fonctionnalités de recherche moindres (même si les fonctionnalités de recherche des outils de veille ont tendance à s’améliorer et s’enrichir avec les années) peut faire prendre un risque quant à la qualité des résultats et de la veille.
On constate qu’en la matière, différents modèles coexistent chez les différents éditeurs de veille :
- chez certains acteurs, l’interrogation et la surveillance de ces sources payantes se fait depuis la source initiale. Les résultats des requêtes sont ensuite intégrés à la plateforme de veille. C’est le cas pour MyTwip par exemple ;
- Chez d’autres, l’interrogation et la surveillance des sources payantes se fait au sein de la plateforme de veille et on perd donc la syntaxe d’interrogation de la source initiale ;
- enfin, d’autres encore ont choisi un modèle hybride. Soit le paramétrage se fait depuis la source d’origine pour tirer parti de leur puissance d’interrogation. Soit il s’agit d’un paramétrage direct dans la plateforme de veille avec les fonctionnalités offertes par leur outil, ce qui est utile dans le cas de sources proposant des fonctionnalités de recherche simplistes ou quasi-inexistantes. C’est le cas de KB Crawl et Sindup par exemple.
Les sources payantes intégrées à des outils de veille gratuits ou freemium
Si les grandes plateformes de veille peuvent intégrer des sources d’information sur abonnement, on constate qu’il est également possible de le faire sur des outils de veille gratuits tels que les lecteurs de flux RSS ou les outils de veille bon marché mais efficaces comme Website Watcher par exemple.
Ainsi sur Website Watcher, il est possible de surveiller des pages accessibles avec un identifiant et un mot de passe. On peut également mettre sous surveillance des requêtes lancées sur ces sites et pages.
Du côté des lecteurs de flux RSS, Inoreader et Feedly indiquent tous deux qu’il est possible d’ajouter des flux RSS protégés par des mots de passe.
Malgré ces quelques possibilités, on reste tout de même assez loin de ce que peuvent proposer les plateformes de veille payantes en matière d’intégration de fournisseurs d’information payante.
Les plateformes de veille anglo-saxonnes : un modèle intégré qui existe depuis des années
Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’offre standardisée de sources payantes au sein des plateformes de veille n’est pas un phénomène si nouveau du côté des plateformes de veille anglo-saxonnes (essentiellement américaines ou britanniques souvent appelées plateformes de Competitive Intelligence ou de Current awareness).
Si certains fonctionnent toujours sur un système de connecteurs et API à la demande du client comme Intelligence2day, Manzama, InfoNgen ou encore Vable, d’autres ont choisi des partenariats directs avec les fournisseurs d’information et cela existe déjà depuis plusieurs années.
- Knowledge360 (voir NETSOURCES n°125 - Novembre/Décembre 2016) inclut les données de la base de données financière Factset et de la base sur les entreprises CrunchBase dans son abonnement le plus cher (1099 $ par utilisateur et par mois tout de même) ;
- la platforme SinglePoint de NorthernLight agrège et indexe les collections des principaux fournisseurs d’études de marché comme Forrester, IDC, Reed Elsevier, Thomson, etc. ;
- la plateforme de veille Social360 dispose d’un partenariat avec Factiva.
- l’outil de recherche/veille dédié au biomédical Qinsight a également signé un partenariat avec Factiva
Au cours des prochains numéros, nous explorerons ces outils de veille anglo-saxons afin d’étudier leur adéquation éventuelle avec le marché français et leur valeur ajoutée par rapport aux autres outils déjà présents.