PROFESSIONNEL DE L’INFORMATION • Le casse-tête du ROI, critère de premier plan pour valoriser les services d’information
CAS PRATIQUE • Google Keen et Google Discover : les nouveaux Google Alertes ?
BASE DE DONNEES • La nouvelle interface de Delphes : une base de données de presse économique atypique
Les récentes conférences (1) de Computers in Libraries/ Internet Librarian Connect, de SCIP (Strategic & Competitive Intelligence Professionals), ainsi qu’un livre blanc de la consultante américaine Mary Ellen Bates sur le ROI appliqué au contenu digital, produit en partenariat avec l’agrégateur de presse Factiva, nous ont permis de faire le point sur les recherches traitant du sujet éminemment stratégique de la valorisation au sein d’une entreprise des services d’information - de la veille à l’intelligence économique en passant par la documentation.
(1) on retrouvera toutes les références en fin d'article.
La notion de «retour sur investissement» - le fameux ROI - est une notion traditionnellement réservée au monde de la gestion financière et comptable, qui utilise ce ratio pour mesurer le retour attendu d’un investissement matériel ou d’un projet consommateur de ressources matérielles.
Certes, beaucoup de ces raisonnements, doux à l’oreille des contrôleurs de gestion, étaient dans le fond assez simplistes. Ils l'étaient en partie par facilité, et aussi, à la décharge de leurs promoteurs, du fait de leur positionnement extérieur à l’organisation, qui les tenait loin de la complexité réelle des choses… A leur décharge aussi, la tendance naturelle d’un nouvel outil qui est de mettre en avant le gain financier justifiant un nouvel investissement financier.
On retrouve encore aujourd’hui cette vision purement quantitative et centrée sur l’économie de personnel dans les discours de certains (heureusement de moins en moins nombreux) vendeurs d’outils ou de plateformes de veille.
L’émergence de la notion de ROI dans le domaine des services d’information remonte à un peu plus d’une vingtaine d’années, même s’il est difficile de la dater précisément. Il est assez probable que la mobilisation de cette notion par les professionnels (documentalistes, veilleurs, analystes) pour démontrer la valeur et l’apport de leurs services soit consécutive à l’élimination ou la réduction drastique des gros centres de documentation et de veille dans les années 90, touchant aussi bien les entreprises privées que publiques. On a alors pris conscience qu’il ne suffisait plus de bien remplir ses missions, mais qu’il fallait aussi montrer et démontrer l’utilité de la prestation informationnelle.
Cette notion de ROI est effectivement stratégique pour une activité informationnelle qui engage beaucoup de forces, d’énergie, et d’investissement relationnel de la part des services concernés vers la communauté des clients, et dont la position reste malgré tout toujours fragile et l’existence toujours susceptible d’être remise en question à la première restructuration.
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On ne présente plus Google Alertes, ce service d’alertes de Google lancé en 2004 qui permet de surveiller les nouveaux résultats apparaissant sur le moteur pour une requête donnée.
Longtemps indispensable pour la veille, Google Alertes a perdu de sa splendeur depuis quelques années : baisse du nombre de résultats et de la qualité des alertes, absence d’intérêt et d’investissement de Google pour cet outil historique et, plus récemment, problèmes récurrents de spams et de malwares qui viennent parasiter les résultats des alertes.
Bref, on ne serait pas surpris si Google décidait de fermer son service au cours des prochaines années comme il l’a fait avec tant d’autres services utiles aux professionnels de la veille.
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Pour autant, Google ne semble pas avoir abandonné l’idée de pousser de l’information, qui plus est « personnalisée » vers l’utilisateur mais en le gardant prisonnier de l’univers Google comme en témoignent le développement de Google Discover, l’interface personnalisée de Google pour mobile et le lancement de Keen, une plateforme de curation made in Google.
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Au terme de deux ans de développement, et en dépit de la situation sanitaire, Indexpresse dévoile sa nouvelle interface pour Delphes. L’ancienne version n’a pas disparu et les deux URL coexistent pour un certain temps encore, afin d’effectuer la transition. L’équipe de BASES et NETSOURCES a eu l’opportunité de découvrir cet outil atypique avec Anne BOCQUENTIN, dirigeante de la société éditrice de la plateforme : Indexpresse.
Il s’agit d’une base de données économique qui couvre la vie des entreprises, des secteurs et des marchés, à travers la presse bien sûr (presse nationale, économique, régionale et professionnelle), mais également des études de marché. Le paysage médiatique couvert est exclusivement français et les problématiques prises en compte sont très axées sur la France et l’Europe de façon plus globale.
Ainsi, les articles sont lus et catégorisés par l’intelligence humaine, plutôt qu’automatiquement par une machine. De fait, Delphes n’est ni vraiment un outil de veille, ni un agrégateur de presse classique, mais bien un outil de documentation issu de la meilleure tradition documentaliste. Son public est constitué surtout des documentalistes et étudiants au sein des universités, et de professionnels de l’information en institutions ou entreprises privées.
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TENDANCES
• La formation au cœur de la relation entre le professionnel de l’information et son public
SERVEURS
• Dialog : une nouvelle base sur les conférences
PROPRIETE INTELECTUELLE
• L’OMPI lance une banque de données sur les jugements concernant la propriété intellectuelle
CAS PRATIQUE
• Les bases de données et moteurs dédiés aux startups ont-ils une valeur ajoutée pour la veille et la recherche d’information
La relation entre le professionnel de l’information et ses usagers ou clients internes évolue en permanence. Pendant longtemps, le professionnel de l’information a été le fournisseur exclusif de l’information au sein de l’entreprise et le gardien des outils de recherche professionnels. Mais les temps ont changé avec l’arrivée d’internet et des moteurs de recherche comme Google, qui ont rendu la recherche d’information accessible à chacun, du moins en apparence.
Face à ce bouleversement, qui a redistribué les rôles entre professionnels de l’information et utilisateurs de plus en plus autonomes, les premiers ont dû et su, pour beaucoup, évoluer vers un rôle de médiateur mais aussi de «formateur en littéracie numérique» auprès de leurs publics et clients. Il s’agit en effet de renforcer encore l’autonomie de ces utilisateurs du Web en matière de veille et recherche d’information et de les aider à développer des usages plus experts afin d’assurer déjà une première réponse à leurs besoins d’information stratégique.
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Former leur public interne à la recherche d’information, aux ressources disponibles et à la meilleure façon de les utiliser et de les interroger, est aujourd’hui un enjeu stratégique pour les entreprises. Si du côté de l’utilisateur final, le but est d’être plus performant dans sa recherche d’information, du côté des professionnels de l’information, cela leur permet de se consacrer aux demandes les plus complexes et de dégager du temps pour d’autres tâches à valeur ajoutée.
Savoir rechercher de l’information n’a rien d’inné et s’apprend, notamment auprès des experts de cette discipline, les professionnels de l’information. A condition bien sûr que ceux-ci restent des experts en se formant et s’informant en permanence sur ces sujets.
De la même manière que la recherche d’information s’apprend, former autrui nécessite des compétences et une connaissance précise des modalités et tendances actuelles de la formation. «Être formé pour former» tel est l’enjeu de notre article.
Dans cet article, nous nous sommes donc intéressés aux grandes tendances de la formation professionnelle pour comprendre quelles sont aujourd’hui les différentes modalités possibles et outils sur le marché et nous présenterons ensuite plusieurs retours d’expérience de professionnels de l’information en matière de formation, évoqués lors des différentes conférences et événements virtuels auxquels nous avons assisté.
Comme nous l’avions expliqué dans le précédent numéro de BASES (n°385 - octobre 2020), en cette année qui ne ressemble à aucune autre, de nombreuses conférences et journée d’études riches en informations et qui permettent d’avoir un état des lieux précis à un instant t sur le monde de l’information, se sont digitalisées.
Nous avons assisté pour vous à plusieurs événements intéressants pour la veille et la recherche d’information (pour certains en présentiel mais en distanciel et en replay pour d’autres) comme :
Nous avons fait le choix de publier plusieurs articles dans BASES sur les thèmes-clés abordés lors de ces différents événements.
Nous aborderons notamment la question :
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Depuis que l’essentiel, sinon la totalité des titres de propriété intellectuelle sont disponibles sous forme électronique, les acteurs, qu’ils soient publics ou privés, ont poursuivi le développement de leurs services dans différentes directions.
On peut considérer, dans beaucoup de cas, que ces services ont atteint un bon niveau de maturité même si les développements continuent.
Ces services concernent, en particulier les possibilités de recherche proposant une part de recherche sémantique ; les traductions automatiques qui ressemblent de moins en moins à un galimatias difficile à comprendre ; l’analyse de plus en plus sophistiquée des résultats de recherche avec moult propriétés graphiques associées ; le suivi de toutes les étapes de la vie d’un titre de propriété intellectuelle ; le recueil et l’analyse des jugements concernant des litiges dans le domaine.
Les deux autres étant consacrées respectivement aux lois et règlements en matière de propriété intellectuelle, et aux traités administrés par l’OMPI dans tous les domaines (l’OMPI est une institution spécialisée de l’ONU) et en particulier ceux relatifs à la propriété intellectuelle.
Cette nouvelle banque de données, gratuite, sur les jugements n’a pas vocation à l’exhaustivité, contrairement à d’autres offres payantes, mais recense les jugements considérés comme importants, plus précisément établissant des précédents ou des interprétations convaincantes, fournis par les états-membres participants.
Ces états-membres ne sont pour l’instant que dix et fournissent chacun quelques dizaines de documents : Australie (29), Brésil (36), Chili (50), Chine (30), Costa Rica (83), Espagne (63), Jamaïque (11), Mexique (76), Pérou (72), République de Corée (20) ce qui donne un total modeste de 470 documents.
Cette base est recherchable en combinant différents critères tels que le pays, les noms des parties, etc. Une recherche dans le texte intégral est aussi proposée.
Ces documents proposent les jugements et des résumés avec possibilité de traduction automatique dans pratiquement toutes les langues.
Auteur : François Libmann, Directeur de Bases Publications
Morressier est une entreprise allemande dont le but est d’emmener les conférences académiques à l’âge digital, ce qui s’est révélé particulièrement adapté à cette période de COVID-19 qui a vu l’essentiel, sinon la totalité, des manifestations non annulées passer en mode virtuel.
Cela permet, en effet, de disposer quasiment en temps réel de tout ce qui a été dit ou montré (on pense, en particulier aux posters).
Le volume depuis l’origine de la base en 2016 (et pas 2015 comme indiqué sur la Prosheet) est de près de 38 000 références avec une mise à jour quotidienne. Près de 79 % d’entre elles ont un abstract.
Chaque document comprend une indexation très détaillée dérivée du MeSH (de Medline) et inclut également les descripteurs proposés par les auteurs.
Le double intérêt de cette base de données est que sont pris en compte non seulement les conférences, ce qui est classique mais aussi les posters, ce qui l’est moins, d’autant que leur texte est recherchable.
L’autre intérêt est que toutes ces informations sont accessibles rapidement dans la mesure où Morressier a lui-même digitalisé l’évènement.
Dans au moins la plupart des cas, les posters sont accessibles immédiatement au prix de 20$.
C’est, comme le souligne le producteur, un des moyens de détecter le plus tôt possible des avancées scientifiques n’apparaissant, dans un premier temps, que sous forme de posters (ou de preprints mais c’est une autre voie).
Auteur : François Libmann, Directeur de Bases Publications
La veille et la recherche d’information sur les startups est une tâche complexe, en raison de leur parcours souvent mouvementé. Chaque année, des milliers de startups voient le jour, tandis que d’autres meurent ou sont absorbées par des grands groupes.
A cause de ce taux de natalité et de mortalité élevé des startups, les identifier et réaliser une veille sur cette catégorie d’entreprise demande un travail permanent de mise à jour des sources. Et cela requiert de la méthode et des outils de recherche.
Il existe de multiples sources pour rechercher de l’information sur les startups : les sources classiques comme la presse, le web ouvert, les bases financières…, mais aussi de plus en plus de moteurs et bases de données entièrement dédiés aux startups. Si l’idée est séduisante (avoir en un seul et même endroit toute l’information utile sur cette catégorie d’entreprises), ces outils sont-ils vraiment suffisants pour la veille et la recherche sur les startups et ont-ils une réelle valeur ajoutée par rapport à des sources plus classiques ?
Les outils spécialisés sur les startups sont légion mais nous avons décidé d’en sélectionner sept, que nous avons jugés intéressants pour une démarche de recherche : Crunchbase, Whogotfunded, Startuplynx, Startuptracker, CB Insights, ProductHunt et les Pépites Tech.
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